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«La rareté du foncier suscite des intérêts variées et des comportements douteux»
Ahmed Tessa. Spécialiste en économie spatiale
Publié dans El Watan le 28 - 01 - 2013

Professeur à la faculté des sciences économiques de Tizi Ouzou et spécialiste en économie appliquée, Ahmed Tessa esquisse dans cet entretien l'état des lieux de nos localités et leur vulnérabilité face aux catastrophes naturelles, notamment les glissements de terrain, comme c'est le cas à Illilten et Aïn El Hammam.
-Chaque année, l'hiver est synonyme d'inondations, de routes coupées et de catastrophes naturelles. Il y a quelques années, la ville de Aïn El Hammam a été menacée par un glissement de terrain et depuis quelques jours la commune d'Illilten est menacée par des crues de boue… Ces situations sont-elles dues à des omissions dans le PDAU ou ne seraient-elles pas liées à une urbanisation incontrôlée ?
Il est opportun de vous dire que toute action d'aménagement doit prendre en considération les spécificités des aires à aménager. Les agences foncières sont en panne de stratégie de développement urbain. Le système foncier mis en place se trouve en décalage avec la dynamique urbaine de la wilaya de Tizi Ouzou. Les procédures bureaucratiques réduisent les possibilités d'accès au sol et ne garantissent pas la sécurité foncière. A Aïn El Hammam comme à Illilten, la rareté du foncier due au caractère montagneux et abrupt du territoire suscite des intérêts, des stratégies variées et des comportements douteux.
La densité démographique moyenne dans ces espaces dépasse 400 habitants/km². Nous assistons à la densification urbaine sans tenir compte des capacités normées : constructions licites/illicites, beaucoup de travaux de terrassement, d'ouverture de routes, etc. Le relief abrupt est fragilisé par l'action de l'homme, situation qui se complique par les intempéries, le manque d'entretien des ponts, des canalisations et des routes. Ces négligences sont sévèrement punies par la nature (éboulements, glissements de terrain, vulnérabilité des constructions). Nous avons déjà assisté, en 1973, à deux glissements de terrain dans la commune d'Azeffoun qui ont ruiné complètement les villages de Tifezouine et Ihanouchène dit tazaghart.
Aujourd'hui, par manque du foncier ou l'incapacité financière d'accéder au logement, les citoyens de ces villages reconstruisent illicitement dans les mêmes endroits à haut risque sans l'avis d'experts ou de techniciens. Toute la zone côtière est aussi sujette aux menaces d'érosion, de glissement et des éboulements permanents. Le foncier est un tout indivisible. Il nécessite des solutions globales d'aménagement du territoire et de maîtrise dans l'occupation des sols. La gestion du foncier est de trouver les meilleurs voies et moyens afin de sauvegarder un patrimoine non renouvelable.
-L'évocation de l'aménagement du territoire renvoie toujours aux instruments d'urbanisme (le PDAU et le POS). Peut-on avoir une brève présentation de ces instruments d'urbanisme, leurs enjeux et surtout le contexte de leur mise en œuvre ?
Conception qui s'explique, aujourd'hui, par le fait que les urbanistes se préoccupent plus de l'occupation de l'espace urbain. La conception de l'aménagement ne peut pas se limiter au déterminisme urbain. L'aménagement du territoire est une pratique ancienne. Dès l'aube des temps, les souverains soucieux de stabiliser leurs pouvoirs et d'exercer leurs prérogatives qui en découlent, engagent des travaux d'aménagement pour assurer la promotion de leur société et accroître la puissance de leur royaume. L'aménagement du territoire apparaît comme un processus, un ensemble d'interventions, dont l'objectif est d'organiser la convergence des actions pour la mise en valeur de l'espace local, régional et national.
Les activités économiques, les impératifs militaires, les traditions sociales, les valeurs morales, les caractéristiques géographiques régissent les rapports qui s'établissent entre l'espace et la société. En effet, depuis 1990, l'Algérie s'est dotée de nouveaux instruments d'aménagement et d'urbanisme. Cette innovation législative répond théoriquement aux préalables de l'économie de marché qui fait de l'Etat un acteur promoteur et régulateur dans le contexte d'ouverture du marché au secteur privé. Les instruments sont lancés en période de crise financière et d'insécurité. Les enveloppes financières dégagées étaient insuffisantes et les déplacements sur le terrain étaient dangereux. Le Plan directeur d'aménagement et d'urbanisme (PDAU) est un document complexe qui définit les objectifs d'aménagement que la puissance publique se fixe à court, moyen et long termes.
A travers cet instrument, l'Etat formule l'image spatiale qui permet d'appliquer sur le territoire une politique conforme à l'intérêt général. Le PDAU est un document prospectif, prévoyant l'aménagement de l'espace, il oriente l'extension de la croissance urbaine et détermine la destination des sols. Il prévoit, sur 10 à 20 ans, l'évolution de l'aire de l'aménagement qu'il couvre en tenant compte du contexte régional et national. Il stimule les initiatives intercommunales. En matière d'aménagement du territoire, le PDAU doit aboutir au choix d'une politique spatiale émergeant de la collectivité locale.
Le Plan d'occupation des sols (POS) est un plan d'urbanisme complet, contenant les règles et les servitudes d'utilisation de l'espace qui peuvent comporter les interdictions de bâtir. Il affecte les sols en fonction de l'usage principal qui doit en être fait. Le POS précise l'implantation des activités, le périmètre urbain, les sites à protéger ou à mettre en valeur, les emplacements réservés aux espaces verts. Il prévoit encore les normes de construction en fonction des prescriptions architecturales (implantation, destination, dimension, aspect extérieur, alignement, aménagement des abords). Il protège les espaces d'urbanisation future et les zones à ne pas urbaniser.
-Du point de vue réglementaire, le domaine de l'aménagement et de l'urbanisme semble bien encadré, mais sur le terrain, les défaillances sont nombreuses. Ces lacunes ne seraient-elles pas dues à la non-application de la réglementation en vigueur ?
Comme dans tous les domaines, les textes sont presque parfaits : le SDAU appliqué dans certains pays développés est importé en remplaçant le «S» par «P» pour donner le PDAU chez nous. Le fonctionnement de ces instruments montre quelques lacunes aux effets négatifs. L'étude du processus d'urbanisation de la wilaya de Tizi Ouzou nous a permis de conclure que quel que soit le chargé d'études, la nature de l'étude et la localité, il y a toujours un décalage entre ce qui a été projeté et ce qui se réalise concrètement sur le territoire.
Ce décalage concerne les aspects liés aux prévisions démographiques, prévisions en matière d'équipements, d'affectation des sols, les normes et les formes architecturales prévues. La maîtrise de la dynamique urbaine passe par la maîtrise de l'ensemble du système. A notre sens, ce décalage peut être expliqué par le manque de rigueur dans l'application des textes, l'absence de coordination entre les différents intervenants, le niveau des compétences administratives et techniques des communes. Les opérateurs défient toutes les dispositions préétablies dans ces plans d'aménagement avec la complicité parfois de l'administration qui accorde des dérogations.
Les services techniques locaux ne suivent pas le processus d'engagement des procédures judiciaires contre les squatteurs fonciers jusqu'aux instances judiciaires. Sans oublier la responsabilité de certains bureaux d'études qui n'ont pas d'équipes multidisciplinaires. Le PDAU et le POS sont déjà dépassés. Ils proposent des relations standardisées entre l'homme et son espace, mais ils se trouvent dans l'incapacité de prendre en charge les problèmes de l'urbanisation. En l'absence d'instruments juridiques de la planification spatiale régionale et nationale, le PDAU et le POS ne remplissent pas la règle de subordination verticale.
-Le phénomène des chantiers qui s'éternisent prend de l'ampleur à travers toutes les wilayas. Comment y remédier dans les villes et lotissements ?
L'Algérie est un vaste chantier porteur d'espoir, mais avec beaucoup de gaspillages des ressources non renouvelables. Nous sommes passés d'une culture d'être à une culture d'avoir : nous aimons trop les effets ostentatoires qui sont des déterminants non économiques de la consommation. Commençons par le lotissement instauré, en 1979, par les pouvoirs publics pour alléger la forte demande sur les logements sociaux. Il s'inscrit dans l'optique d'un urbanisme opérationnel qui permet de créer un tissu urbain par morcellement. Il est le cadre qui caractérise une participation effective du citoyen à l'acte de bâtir. Les collectivités locales initient 5000 lots de terrains, mais elles n'en n'affectent que 3000 sur tout le territoire national.
Sur le plan spatial, ce nouveau mode de croissance urbaine conduit à l'éclatement des anciens tissus urbains. Sur le terrain, la nouvelle architecture, inspirée des modèles hétérogènes européens ou orientaux, ne s'intègre pas dans le paysage local traditionnel. On assiste au gaspillage d'espace par l'accumulation de gros volumes disparates serrés les uns contre les autres, fenêtre contre fenêtre, constituant un danger pour la santé publique par l'absence de viabilisation. Le lotissement a engendré un désordre urbain.
Un habitat hors normes inachevé se développe dans nos villes avec une occupation illégale des terrains résiduels, des espaces verts. Pour y remédier, il ne faut plus déroger à la règlementation d'aménagement et d'urbanisme, sévir contres les occupants illicites du foncier public non renouvelable, contraindre les propriétaires à finir leurs chantiers qui constituent un danger public, obliger les collectivités territoriales à assumer leurs responsabilité en matière d'application des lois.


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