Socothyd, une unité de production de produits para-pharmaceutiques sise aux Issers (Boumerdès), a été paralysée, hier et avant-hier, par une grève générale décidée par les travailleurs en signe de « protestation contre le mépris des instances locales de l'UGTA ». Les travailleurs dénoncent en fait l'installation, « dans l'illégalité », prononcée le 16 mars dernier, d'un nouveau conseil syndical pour l'entreprise en remplacement de celui, régulièrement élu mais que l'union locale de l'UGTA de Bordj Menaïel a dissous l'année dernière en prononçant l'exclusion de certains de ses membres. « Cette fois, les responsables de l'union locale ont franchi le rubicond : ils élaborent un procès-verbal d'installation d'une section syndicale à l'extérieur, en dehors de l'enceinte de l'usine, et parlent d'assemblée générale sans même que celle-ci n'ait eu lieu. Est-il concevable que les instances du syndicat bafouent le règlement intérieur de l'organisation au mépris de la loi et des travailleurs ? Cela fait plus d'une année que l'entreprise se débat dans des problèmes induits par notre exclusion, injuste et injustifiée, du syndicat, nous, qui avions été élus par les travailleurs. Mais voilà que les initiateurs de cette exclusion viennent pousser leur logique à son extrême et nomment des membres d'un pseudo-conseil syndical. Pourquoi refusent-ils de répondre aux doléances des travailleurs et venir organiser une élection transparente ici même en présence de tout le monde ? Parce qu'ils ont peur d'être contrariés dans leur décision, puisque les travailleurs ont une confiance totale en les éléments exclus qui risquent d'être réélus », déclare un syndicaliste de Socothyd, un des membres du conseil exclu par l'union locale de l'UGTA. Hier en fin de journée, trois sur les cinq membres du conseil nouvellement désignés (ils faisaient partie des 9 membres du conseil élu par les travailleurs l'année dernière) ont démissionné. Les deux autres « devraient suivre eux aussi ». « Sinon ils seront suspendus de leurs fonctions pour activité syndicale illégale », nous a déclaré le PDG de Socothyd, M. Achaïbou, qui dit que « 97% des travailleurs rejettent la section », soulignant qu'il s'agit là d'un « conflit syndico-syndical puisque l'union locale a désigné une section à l'extérieur de l'usine ». L'union locale, elle, écrivait hier dans une correspondance adressée au PDG que la situation qui prévaut dans l'entreprise, « faite d'agressions physiques, de pressions, d'intimidations, de grèves successives illégales... » a fait que les membres du conseil incriminé se retirent. Elle reproche au premier responsable de l'entreprise d'« approuver, voire de cautionner des dépassements » pour n'avoir « pas pris de mesures afin de rétablir la discipline ».