Les travailleurs de la Socothyd, une unité spécialisée dans la production du coton hydrophile implantée aux Issers, dans la wilaya de Boumerdès, ont observé, hier, une journée de grève pour exiger « le départ de son PDG et la constitution d'une commission d'enquête sur la gestion de l'entreprise ainsi que les dessous du conflit syndical » qui mine cette société depuis près d'une année. L'usine a, ainsi, été paralysée tant la quasi totalité des travailleurs a adhéré à la protesta. Les encadreurs de ce mouvement nous ont déclaré que « le directeur, de mèche avec des cercles occultes, voudrait brader notre entreprise en la soumettant à une privatisation qui ignore les intérêts des travailleurs ». « Ils nous disent que les établissements de santé n'achètent plus nos produits et que, de ce fait, Socothyd se retrouve dan une situation difficile. Mais ce sont eux qui sabordent notre travail en faisant tout pour casser l'entreprise et nous dire ensuite que rien ne peut être fait », nous ont déclaré les travailleurs grévistes. Au sujet de la dissolution par les instances locales de l'UGTA (union locale et union de wilaya) de la section syndicale de Socothyd, les travailleurs nous diront qu'« il y a là anguille sous roche ». « En vertu de quelle loi l'union locale de Bordj Menaïel (UGTA, ndlr) suspend un syndicaliste que nous avons démocratiquement élu ? Pourquoi ne nous a-t-on pas saisis pour aller vers une assemblée générale ? », s'interrogent les contestataires qui réclament une autre commission qui devra enquêter sur « les tenants et les aboutissants » de cette suspension. Car « l'UGTA a voulu imposer une décision que la totalité des travailleurs refuse. A quoi rime tout ça ? », s'indigne-t-on. Les syndicalistes suspendus, eux, se disent « prêts à partir, quitter carrément l'entreprise, si cela peut servir la cause des travailleurs », mais refusent qu'« on nous taxe de voyous ». Le directeur de Socothyd a, lui, expliqué que « les meneurs de ce mouvement veulent me forcer à continuer à travailler avec une section syndicale dissoute par les instances supérieures de l'UGTA. Et lorsque j'ai dit que c'est illégal, ils demandent mon départ ». « De toutes les manières, je suis prêt à partir si les deux-tiers des travailleurs le désirent vraiment. Mais j'ai fait constater que la grève est illégale et, par conséquent, j'ai déposé plainte », ajoute M. Achaïbou qui refuse de « s'ingérer dans un conflit syndico-syndical ». L'affaire de la section syndicale remonte, pour rappel, au mois de juin 2005 lorsque le chargé de l'organique du conseil UGTA de Socothyd a été « suspendu » par l'union locale de Bordj Menaïel. S'ensuivit alors une crise ouverte jalonnée par de multiples mouvements de grève : 6, 22, 25 juin 2005... jusqu'à celui d'hier.