Les Etats-Unis et la Ligue arabe, d'un côté, la Russie et l'Iran, de l'autre, ont salué et appuyé l'initiative l Le régime de Damas, isolé, fait de la résistance… L'offre de dialogue du chef de l'opposition syrienne, Ahmed Moaz Al Khatib, au régime de Bachar Al Assad ne semble pas emballer ce dernier, pas plus que les principaux sponsors des rebelles, le Qatar et l'Arabie Saoudite. En revanche, les Américains n'ont pas hésité à applaudir l'initiative, au même titre que l'Iran et la Russie. Le régime syrien a fait connaître sa réponse via les colonnes du quotidien Al Watan, réputé proche du pouvoir, dans lequel il a mis en doute l'offre de dialogue du chef de l'opposition. S'il reconnaît que l'initiative a une «importance politique», le clan d'Al Assad n'en pense pas moins que l'offre arrive avec «deux ans de retard» et ne suffit pas pour que M. Al Khatib soit considéré comme «un négociateur acceptable». «Les déclarations de M. Al Khatib restent insuffisantes et ne font pas de lui un négociateur acceptable au niveau populaire. Elles sont une manœuvre politique visant à corriger son erreur d'avoir soutenu le front (djihadiste) d'Al Nosra et fourni des prétextes aux crimes commis à l'encontre de la Syrie», écrit ce journal. L'éditorialiste d'Al Watan suggère que le chef de l'opposition devrait désavouer la rébellion avant que Damas ne consente au dialogue. «M. Al Khatib devrait parler à tous les Syriens pour les convaincre que les loyalistes (au régime) et les opposants se tiendront en un seul rang pour combattre le terrorisme (la rébellion, ndlr).» Al Assad seul contre tous Cette réponse n'est pas tout à fait une fin de non-recevoir, mais elle y ressemble… Rien ne dit cependant que le régime syrien n'évoluera pas dans cette perspective, surtout que ses alliés russes ont donné leur visa. Il faut préciser cependant que l'offre de dialogue est destinée au vice-président syrien, Farouk Al Charâ, qui a déjà maille à partir avec le régime d'Al Assad. Ce dernier semble d'ailleurs avoir compris qu'il ne fait partie de la solution dans le cadre de cette offre, d'où cette réaction alambiquée via le journal sus-cité. Ceci d'autant plus que la diplomatie américaine a certes apporté son soutien à l'appel au dialogue, mais exclut l'immunité pour le président Al Assad. «Si le régime (de Damas) a le moindre intérêt à (faire) la paix, il doit s'asseoir et parler maintenant avec la Coalition de l'opposition syrienne, et nous soutiendrons fortement l'appel d'Al Khatib», a déclaré la porte-parole du département d'Etat, Victoria Nuland. La bénédiction de la Ligue arabe Le Qatar et l'Arabie Saoudite, qui n'ont pas commenté cette offre de dialogue, ont fini, bon gré mal gré, par rejoindre le consensus via la Ligue arabe qui a salué l'initiative. Dans un communiqué, M. Al Arabi a émis l'espoir que «le gouvernement syrien réponde positivement à la proposition» faite fin janvier par M. Al Khatib, estimant qu'il faudrait «mettre à profit toute opportunité pour rompre le cycle de violence et mettre fin à l'effusion de sang» en Syrie.Il a plaidé pour un accord en vue d'une transition permettant «un changement réel qui réponde aux aspirations légitimes du peuple syrien à la liberté, à la démocratie, à la justice sociale et à la dignité humaine». La Ligue arabe s'est dite disposée aussi à «apporter le soutien et le parrainage nécessaires pour faciliter la tenue du dialogue, aider les Syriens à sortir du tunnel de cette crise et épargner à la Syrie et à la région les dangers de ses douloureuses conséquences».Quoi qu'il en soit, c'est la première fois qu'une ébauche de solution à la guerre en Syrie fait consensus entre partisans et adversaires de Bachar Al Assad. Moaz Al Khatib pouvait avoir piégé le régime de Damas, qui se trouve contraint de tenir compte de cette offre de dialogue, au risque de mettre ses amis russes, iraniens et chinois dans l'embarras.