Hier soir, l'armée ratissait encore la région entre Tébessa et la frontière avec la Tunisie pour arrêter les terroristes qui ont attaqué mercredi soir le campement militaire au sud de Khenchela (540 km au sud-est d'Alger) et pris la fuite avec un otage civil. Des terroristes qui arrivent en force, armés de mitrailleuses et de lance-roquettes de type RPG. Un camion de ravitaillement pris en otage avant de forcer le passage. Des assaillants qui tentent de prendre la fuite. L'attaque qui a été menée mercredi soir contre le campement militaire de Boudoukhane, au sud de la wilaya de Khenchela, à la frontière avec la wilaya de Tébessa, «ressemble beaucoup à celle d'In Amenas», apprend-on de sources sécuritaires. Selon un bilan officiel encore provisoire, deux assaillants auraient été tués dont un terroriste âgé d'une quarantaine d'années, originaire de Oued Souf, et six militaires blessés. D'autres sources évoquent la mort – non confirmée – d'un officier, le premier à avoir été en contact avec les terroristes «au moment où ils tentaient d'accéder à l'intérieur du campement». Car les terroristes avaient repéré depuis plusieurs jours les allées et venues régulières du camion apportant la nourriture aux militaires. Vêtus d'uniformes militaires, ils ont alors dressé un faux barrage pour arrêter le véhicule. «Ils ont forcé le chauffeur à les prendre à bord. L'officier de garde a ouvert l'entrée et a très vite compris qu'il y avait un problème, nous explique-t-on sur place. Il aurait alors tenté de refermer la porte et se serait fait tirer dessus.» Un violent accrochage s'en est suivi entre les militaires et les terroristes. Camion brûlé Des informations contradictoires circulent aussi sur leur nombre. Certaines sources parlent d'une cinquantaine d'assaillants, d'autres d'une vingtaine. «Ils s'étaient scindés en trois groupes dont chacun avec une mission spéciale, explique encore une source sécuritaire à Batna. Le premier devait s'occuper des deux otages – le convoyeur qui est aussi le patron de la petite entreprise et le chauffeur. Le second devait miner le groupement de gendarmerie. Le troisième devait assurer la couverture.» Les terroristes auraient ensuite brûlé le camion et relâché le chauffeur avant de se diriger vers la frontière avec la Tunisie. «Il est encore trop tôt pour savoir qui ils sont, mais on croit savoir, à leur accent, qu'il s'agit d'Algériens, de Libyens et de Tunisiens», précise-t-on par ailleurs. Les militaires auraient saisi des kalachnikovs, des lance-roquettes et des téléphones portables. «Ils étaient en tout cas équipés des mêmes armes que les terroristes d'In Amenas. Ce qui laisse penser qu'ils sont arrivés de l'extérieur et qu'ils ont bénéficié du soutien de groupes locaux.» Car cette région, connue pour ses montagnes aux accès difficiles, abrite des maquis terroristes depuis les années 1990. El para «On est en plein dans la zone 5. Quand elle avait pour émir El Para, il se trouvait à Tébessa, mais frappait à Batna et à Illizi, aux frontières sud et est, souligne une source sécuritaire. Quand on est à Khenchela, à vol d'oiseau, la frontière libyenne n'est qu'à une dizaine de kilomètres et une journée peut suffire pour traverser plusieurs wilayas.» Plusieurs morts et blessés ont été enregistrés ces dernières années suite à l'explosion de bombes de fabrication artisanale placées par les terroristes afin de se protéger contre les opérations de ratissage. Huit militaires ont été blessés en mission l'an dernier suite à l'explosion de bombes enfouies sous terre. Le 23 juin 2009, cinq gardes communaux ont également été tués par balle ou égorgés dans la région de Siar. En 2003, 43 militaires avaient été tués par El Para près de Batna. Des renforts parvenus des wilayas limitrophes ont été déployés hier sur les lieux. Une grande opération de ratissage a été déclenchée et se poursuit toujours pour traquer les terroristes. Quant aux deux otages, Rachid Merazga et Boukelkoul, ils résideraient à Bouakel, un quartier populaire de Batna. «Bouakel est connu, car c'était autrefois le fief de terroristes, précise une source locale. Plusieurs repentis et un ancien prisonnier de Guantanamo y vivent. C'est aussi le quartier par lequel étaient passés les terroristes qui avaient ciblé, le 6 septembre 2007, le cortège présidentiel à Batna.»