C'est un véritable vent de colère qui s'est levé dans l'univers de la 2e édition de l'exposition nationale de la femme productive, une manifestation qui s'était déroulée dans l'indifférence totale, officiellement tenue du 5 au 9 avril 2006, le long du hall d'entrée et de celui de la réception de l'hôtel La Baie, du complexe touristique Matarès de Tipaza. Un bon nombre d'exposants n'ont pas pu résister au calvaire et à la solitude. Ils ont préféré quitter les lieux. Qu'elles soient venues des wilayas d'Alger, Ouargla, Illizi, Batna, Constantine, Jijel, Tébessa, Tizi Ouzou, Ghardaïa, Boumerdès, pour ne citer que leur cas, unanimes, elles ont dénoncé la désorganisation et la mauvaise prise en charge de la manifestation. Nos interlocutrices déçues ont tenu à souligner le mépris affiché à leur égard. Elles se sont interrogées sur le choix du lieu de l'exposition qui, selon elles, n'est pas fréquenté par les familles. Aucune vente de produits n'a été réalisée. Un artisan venu de Tébessa a été victime de vol. Le séjour a été décevant pour ces malheureux exposants, qui ne savaient plus à quel saint se vouer. La directrice de la chambre de l'artisanat de la wilaya de Tipaza, selon nos interlocutrices, s'est manifestée le premier jour, tout juste pour encaisser l'argent. Contactée par nos soins, l'organisatrice de cette exposition nationale a tenu à préciser que cette manifestation, qui s'inscrit dans le cadre du programme de son ministère de tutelle, a atteint son objectif, car elle est avant tout promotionnelle et non commerciale. « Ce qu'ils ont payé dès leur installation, 500 DA et 800 DA, c'est purement symbolique », dit-elle. « Aujourd'hui, c'est le dernier jour, j'ai moi-même autorisé l'organisateur à récupérer ses stands, car il devait s'installer ailleurs dès aujourd'hui pour une autre manifestation. » « Les artisans ne sont jamais satisfaits. Je sais que j'ai fait du bon travail et mes responsables m'ont personnellement félicitée. J'ai choisi le complexe de Matarès pour essayer de changer son image, avec la présence des artisanes et familles productives. C'est ma première expérience à Tipaza. J'avais tenu une réunion avec le SG de la wilaya pour mieux préparer cet événement. Malheureusement, à ce jour, je n'ai eu aucune suite. Alors ne me parlez pas des autorités locales d'une manière générale. Si J'étais absente, c'est parce que le ministère m'avait chargée d'un travail pour préparer des stages de formation à Azur Plage. Je ne pouvais pas être tout le temps avec les exposants. Quant aux attestations de participation, je vais les envoyer aux chambres de l'artisanat des autres wilayas, afin qu'elles puissent les remettre aux artisans qui sont venus à Tipaza », conclut-elle. Le coût de cette manifestation avait été évalué à deux millions de dinars, une subvention allouée par le ministère de la PME et de l'Artisanat. Durant cette rencontre qui a tourné court, jugée comme étant un fiasco par les nombreuses artisanes et artisans qui n'espéraient pas vivre le cauchemar, les exposants se sont contentés des visites réciproques dans les stands, pour se consoler mutuellement. Entre les discours mielleux et prometteurs et la réalité amère du terrain, les artisans sont victimes. Quant à la directrice de la chambre de l'artisanat de la wilaya de Tipaza, elle estime qu'elle vient d'accomplir sa mission et aucune chambre n'a réalisé ce qu'elle vient d'organiser. Une triste image pour l'artisanat national.