Dans le but de permettre à ses partenaires directs de s'initier aux nouvelles modalités pratiques et techniques relatives à la mise en application de l'arrêté du 29 décembre dernier portant introduction du « tarif de référence de remboursement », la direction de la CNAS de Skikda a convié, samedi dernier, l'ensemble des pharmaciens d'officine et leur syndicat, les médecins ainsi que les associations de malades à une rencontre au siège de la caisse. M. Layachi, directeur de la CNAS a tenu dans son allocution inaugurale à synthétiser la nouvelle formule de remboursement et à mettre en filigrane les motivations ayant conduit à l'adoption de cette nouvelle formule de remboursement. Il expliquera que cette décision devrait constituer un frein pour minimiser le boom des dépenses en relation avec les remboursements. Le staff de la caisse prendra par la suite le relais pour expliquer dans le détail les premières mesures de l'arrêté en insistant sur l'essentiel et en soulignant que l'entrée en vigueur des nouvelles dispositions se fera à partir du 16 avril 2006 sur l'ensemble du territoire national pour concerner, dans un premier temps, 116 dénominations communes internationales (DCI). Ce qui équivaut à 1016 médicaments. Les responsables de la CNAS ont insisté pour informer les présents de la disponibilité de la liste complète des médicaments concernés par l'arrêté tout en expliquant qu'elle sera revue semestriellement. Pour les considérations techniques qui accompagnent cette nouvelle procédure, les dirigeants de la CNAS ont informé les pharmaciens présents qu'un nouveau logiciel est fin prêt pour leur faciliter toutes les tâches. Ils ont avancé que dans un premier temps, ce logiciel sera fonctionnel dans un centre pilote pour une meilleure familiarisation et aussi pour juger de sa performance afin d'éviter toute surprise lors de sa généralisation. Après ces explications, le directeur de la CNAS a ouvert le débat aux représentants des partenaires présents. Ces derniers ont tous adopté le même mot d'ordre : « Non au tarif référentiel » et à chacun ses argumentations. Le représentant local du syndicat national des pharmaciens d'officine (Snapo) n'y est pas allé par quatre chemins pour fustiger les raisons invoquées par le département de Louh : « Nous assimilons cette mesure à une atteinte grave aux droits des assurés et des malades et estimons que la caisse se trompe de solution. Au lieu d'en rajouter, on aurait dû plutôt penser à imposer des démarcations à la base dans le procédé même de l'importation pour minimiser les dépenses pharmaceutiques ou de réguler enfin la saignée occasionnée au trésor de la caisse par les soins pris en charge à l'étranger qu'on offre à tout bout de champ et pour des raisons souvent inopportunes. Au lieu de cela, on voudrait faire payer le pauvre malade et le pharmacien. On voudrait transférer les problèmes de la CNAS chez les pharmaciens. » Les problèmes de communication et de tarification qui auront apparemment à découler de cette nouvelle application ont aussi été relevés. Une pharmacienne a même estimé qu'elle voyait sa fonction se transformer en celle de journaliste. « On passera notre temps à justifier les sommes que le malade aura à débourser si son médicament coûte plus cher que le tarif référentiel », a-t-elle estimé. Allant encore plus loin, le président de l'association Zahra des diabétiques a qualifié cette nouvelle tarification de « calculs d'épicier » et de pensée « mercantile ». Le représentant des retraités de Skikda a eu presque les mêmes mots en demandant aux responsables locaux de la CNAS de porter ces doléances en haut lieu pour qu'on sache que cette mesure n'est pas la bienvenue. Plusieurs autres interventions de pharmaciens ont toutes versé dans le même sens du refus avant que le représentant du Snapo ne dise : « Nous refusons cette nouvelle mesure, et nous disposons d'autres moyens encore pour le signifier. » Dans la matinée de dimanche, une réunion s'est tenue au siège du Snapo et a regroupé les associations de malades. Selon le président du Snapo, un communiqué commun devrait être rendu public dans la journée même. Une réunion qui a regroupé le Snapo et 5 associations de malades s'est tenue le lendemain. Les signataires du communiqué rendu public à l'issue de cette rencontre demandent « l'annulation pure et simple de cet arrêté qui ne peut avoir pour conséquences que la mise à mal de la cohésion sociale ». Une revendication que les signataires ont présenté après avoir exposé un ensemble de constats et de griefs retenus contre l'arrêté. Ils citent que sa mise en application constituent à leur sens une atteinte « aux droits fondamentaux du citoyen en une couverture médicale décente » et estiment que « le malade chronique qui souffre déjà va se voir exclu du système de couverture sociale », en plus du fait que cette mesure touche directement, aux termes du communiqué « au pouvoir d'achat de l'assuré qui est déjà largement affecté nonobstant la batterie de mesures contraignantes existante et qui accable déjà le malade ». Les signataires citent à ce sujet plusieurs exemples comme le contrôle a priori et le remboursement dérisoire de certaines prestations.