Contrairement à son prédécesseur Jean-Paul II, Benoît XVI a décidé d'écourter son calvaire et de remettre le sceptre de la papauté. Invoquant son âge avancé, le souverain pontife allemand a créé, hier, la stupeur et paralysé le Vatican. Rome De notre correspondante Tout comme saint Augustin, Ratzinger n'a jamais voulu être investi d'une responsabilité aussi grande que celle de guider l'Eglise catholique. Mais si l'évêque de Rome n'a pas été jusqu'à s'échapper de son monastère, comme avait tenté de le faire saint Augustin, évêque d'Hippone, il a néanmoins refusé de suivre le chemin de croix de Jean-Paul II. Le monde entier avait éprouvé une profonde compassion pour le pape polonais Karol Wojtyla portant, avec mille peines, la croix du vendredi saint lors de Pâques 2004. C'est en direct et en latin que Ratzinger a annoncé, hier, sa décision de se retirer. Intervenant lors d'un consistoire au Vatican, Benoît XVI a déclaré : «Après avoir examiné ma conscience devant Dieu, à diverses reprises, je suis parvenu à la certitude que mes forces, en raison de l'avancement de mon âge, ne sont plus aptes à exercer adéquatement le ministère pétrinien. Je suis bien conscient que ce ministère, de par son essence spirituelle, doit être accompli non seulement par les œuvres et par la parole, mais aussi, et pas moins, par la souffrance et par la prière.» Benoît XVI fêtera ses 86 ans le 16 avril prochain. Elu chef de l'Eglise catholique le 19 avril 2005, le pape allemand a surpris les Italiens et ému ses concitoyens germaniques. Il a eu «un geste de grand courage», a estimé hier le président de la République italienne, Giorgio Napolitano. Alors que pour Angelo Bagnasco, «le président de la Conférence épiscopale italienne, la décision de Ratzinger démontre sa ‘‘profonde liberté intérieure''». Le geste de Benoît XVI reste inédit. De l'histoire de l'Eglise catholique, aucun pape n'a remis sa démission, excepté Célestin V en 1294. La mission des souverains pontifes prenait fin avec leur mort ou par le truchement d'un assassinat, souvent fruit d'intrigues macabres. Le venin savamment dissimulé dans la boisson du pape haï éliminait ce dernier et ouvrait de nouveau la succession. Les responsables de l'Eglise comptent tenir le conclave des cardinaux avant les prochaines fêtes de Pâques, selon des sources proches du Vatican. Le 266e évêque de Rome sera désigné à l'occasion.