Dans l'espoir de mettre fin aux violences quotidiennes qui ont fait plus de 60 000 morts dans le pays depuis près de deux ans, le chef de l'opposition syrienne, Ahmed Moaz Al Khatib, a maintenu lundi son offre de dialogue sous conditions, tout en regrettant de n'avoir reçu jusque-là «aucune réponse claire» du régime. «Il n'y a eu aucun contact officiel jusqu'à présent, avec aucune partie. J'adresse un dernier message au régime pour qu'il essaie de comprendre la souffrance du peuple syrien, parce que la révolution continuera et ne s'arrêtera jamais», a-t-il averti devant la presse au Caire. En dépit des critiques au sein de son propre camp, M. Khatib s'est par ailleurs dit prêt à entamer des discussions directes avec des représentants du régime au sujet du départ du président Al Assad. Malgré que l'offre du chef de l'opposition syrienne ait reçu l'aval des Etats-Unis et de la Ligue arabe, mais surtout des deux alliés de la Syrie, la Russie et l'Iran, le président Bachar Al Assad a affirmé que son régime ne cèdera pas aux «pressions» dans le conflit qui oppose ses troupes aux rebelles. Le chef de l'Etat syrien qui, depuis le début de la guerre dit vouloir écraser la rébellion à tout prix, a réaffirmé que la Syrie «ne renoncera pas à ses principes», malgré les «pressions» et les «complots», selon l'agence officielle Sana. Ces déclarations interviennent au moment où le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon presse le gouvernement syrien d'y «répondre positivement».La sortie de Bachar Al Assad contredit en tout cas les propos tenus vendredi par son ministre de la Communication au cours desquels celui-ci avait affirmé la disponibilité de Damas à dialoguer «mais sans conditions préalables». Al Assad aurait-il décidé de ne pas prendre en considération les conseils de ses alliés qui lui recommandent de dialoguer et de jouer les prolongations ? Est-il insatisfait du deal qui lui a été proposé ? Y aurait-il une fracture au sein du gouvernement syrien ? Une chose est sûre, les réponses à ces questions lancinantes seront connues bien assez tôt. En attendant et en dépit de la cacophonie qui caractérise le discours de Damas et la poursuite des combats entre forces gouvernementales et rebelles, les efforts diplomatiques visant à faire asseoir à une même table les responsables syriens et les représentants de l'opposition se poursuivent. Dans le cadre des tentatives de sortie de crise, le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil Al Arabi, avait rencontré dimanche l'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe pour la Syrie, Lakhdar Brahimi, en visite au Caire, pour débattre justement des moyens à même de résoudre le conflit dans ce pays. Le médiateur international a informé M. Al Arabi des résultats de ses dernières tournées dans le monde arabe ainsi qu'à l'étranger. Mercredi dernier, le représentant spécial conjoint de l'ONU et de la Ligue arabe, M. Brahimi, avait affirmé, à Alger, que la situation en Syrie «est mauvaise et empire». Il avait toutefois souligné qu'il poursuivrait sa mission «en dépit des difficultés» auxquelles il était confronté. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, dont le pays est le principal allié de Damas, a lui aussi effectué, lundi 11 février, une visite de travail d'une journée en Algérie à l'invitation de son homologue, Mourad Medelci. Les entretiens ont porté sur «les derniers développements intervenus dans la région du Sahel et au Proche-Orient». Néanmoins, il a surtout été question de la Syrie, un dossier que les Russes veulent visiblement régler au plus vite. Pour preuve : Moscou a encore pressé vendredi dernier Bachar Al Assad de dialoguer avec l'opposition en vue de résoudre le conflit. Sergueï Lavrov serait même actuellement, affirment certaines sources, à la recherche d'une terre d'accueil pour M. Al Assad dans le cas où celui-ci serait amené à quitter la Syrie dans les prochaines semaines.