L'amiante qui se trouve dans les panneaux en fibrociment se répand facilement dans l'air qui est respiré. Les nuisances de l'amiante sont dans ses fibres. Le danger vient des poussières d'amiante quand elles sont inhalées, surtout en ambiance de travail. Elles peuvent pénétrer de façon profonde dans le système respiratoire pour atteindre les bronches et elles restent prisonnières des alvéoles pulmonaires ou de la plèvre. Elles entraîneront, bien plus tard, des cancers pulmonaires et de la plèvre, des fibroses pulmonaires, des plaques pleurales. Ces maladies n'apparaissent que vingt, trente, voire quarante ans après l'exposition. On sait qu'il n'y a plus de production d'amiante-ciment en Algérie, les usines qui étaient spécialisées dans cette activité ayant été définitivement fermées. D'abord l'usine de Gué de Constantine ouverte en 1949 (héritée de la période coloniale, elle appartenait à la société algérienne Eternit) et fermée en 1998 puis trois autres usines, implantées à Zahana (Ouest-algérien), Bordj Bou Arréridj (Est) et Meftah (Centre), qui avaient été construites après l'indépendance. L'utilisation même d'amiante est proscrite depuis la décision prise par le gouvernement en octobre 2009 d'interdire la fabrication, l'importation et la commercialisation de tout type de fibre d'amiante et des produits qui en contiennent. Il y a quelques jours, le ministre de l'Education nationale, Boubekeur Benbouzid, en réponse à une question d'un député, a assuré qu'il ne restait plus aucun établissement scolaire construit en amiante en Algérie. Les sites des usines fermées devaient être soumis à une opération de désamiantage mais le problème des déchets d'amiante-ciment issus de ces usines n'est visiblement pas réglé. A Bordj Bou Arréridj, selon des informations données dans la presse, il en y aurait 12 000 tonnes. Les déchets d'amiante générés par cette usine qui a été construite en 1975, étaient, jusqu'en 1998, jetés dans les décharges. Par la suite, ils furent stockés dans l'enceinte de l'unité, aucune commune n'ayant accepté de les traiter ou les enfouir sur son territoire. En Algérie, en plus, dans la périphérie d'Alger, héritée de la période coloniale, elle appartenait à la société algérienne Eternit. Depuis 1959, les déchets d'amiante de l'usine de Gué de Constantine étaient enfouis dans l'enceinte de l'usine. Le cadastre national des déchets dangereux avait fait ressortir une quantité de 60 000 tonnes de déchets d'amiante stockés parfois à l'intérieur même des usines. Les risques liés à l'amiante avaient ont justifié, en septembre 1996, la création d'un comité interministériel «spécial amiante» chargé de dresser un inventaire des utilisations de ce produit, d'en évaluer l'impact sur l'environnement et la santé publique et d'élaborer un plan d'action concernant les dispositions spécifiques aux différentes utilisations de l'amiante . Il n'était pas encore question d'interdiction. Les responsables algériens de l'industrie de l'amiante-ciment estimaient que les arguments économiques plaidaient pour l'utilisation de ce matériau, à condition de prendre garde aux poussières. Mais le premier rapport sur l'amiante a révélé que 85 % des cancers en Algérie étaient dus aux pollutions, notamment celles provoquées par l'amiante. En avril 1999, un décret exécutif a été promulgué pour prévenir les risques liés à l'amiante, suivis de deux arrêtés interministériels. En mars 2002, le ministre de l'Habitat avait fini par annoncer, à la radio, l'interdiction de l'utilisation de l'amiante dans la construction en Algérie. Le désamiantage a commencé de façon spectaculaire par la Coupole du complexe olympique du 5-Juillet, à Alger, de décembre 2001 à octobre 2002. En juillet 2004, un groupe de travail a été constitué par le ministère de l'Environnement pour suivre ce problème. Plus de production d'amiante-ciment, plus d'utilisation d'amiante, mais les séquelles continueront à se faire sentir pendant encore longtemps. En Italie, à Turin, vient de s'ouvrir un long procès pour juger des dirigeants d'Eternit, le milliardaire Stephan Schmidheiny, 62 ans, actuellement résidant au Costa-Rica et la baron Jean-Louis de Cartier de Marchienne, 89 ans, accusés d'être responsables de la mort de plus de deux mille personnes. Ils risquent jusqu'à treize ans de réclusion. Un procès à suivre.