Pour se défendre des lourds soupçons qui pèsent sur lui, le n°1 du groupe pétrolier italien rejette en bloc les accusations de corruption internationale et affirme : «Ni moi ni l'ENI ne sommes impliqués en aucune manière dans les pratiques qui font l'objet d'enquête.» Rome. De notre envoyée spéciale C'est un dirigeant moraliste et défenseur des pratiques vertueuses en matière de business mondial qui s'est adressé à la presse lors de la présentation du bilan 2012 de l'ENI. Paolo Scaroni a saisi l'occasion pour plaider son innocence, une semaine après avoir été mis en examen par les juges milanais qui ont ordonné également la perquisition de ses bureaux et de son domicile. Mis en cause dans l'affaire de corruption menée par Saipem en Algérie, la filiale de l'ENI, dans la conclusion de deux contrats de partenariat avec Sonatrach, l'homme, proche de l'ancien président du Conseil italien, Silvio Berlusconi, ne semble pas prêt à renoncer à son poste. «La politique de l'ENI est que tout ce qui est illégal est inacceptable. Il est parfaitement possible de faire des affaires dans le monde entier sans payer de pots-de-vin. Et là où cela n'est pas possible, eh bien, on ne fera pas d'affaires. Cela doit être clair», a martelé M. Scaroni. Invoquant la «tolérance zéro» à l'égard des dirigeants corrupteurs, il a souligné que la direction de Saipem a été décapitée depuis. La société mère, ENI, actionnaire principal de cette filiale, ne compte pas la céder à des tiers, selon ce que Scaroni a affirmé : «Vendre en ce moment ne serait pas dans l'intérêt de nos actionnaires.» Un autre patron, celui du deuxième grand groupe italien spécialisé dans l'industrie aérospatiale et de défense, mis en cause dans une affaire de pots-de-vin, se défend de l'accusation de corruption internationale. Giuseppe Orsi, président de Finmeccanica, arrêté et incarcéré la semaine dernière, a dû, lui, remettre sa démission. Il aurait payé des intermédiaires pour décrocher un marché de 750 millions de dollars pour la vente de 12 hélicoptères Agusta Westland à l'Inde, plus une autre transaction pour la vente de 16 avions avariés au même pays. Ce scandale, qui vient éclabousser le fleuron de l'industrie militaire italienne, a fait réagir vivement le gouvernement indien qui a bloqué les paiements et dépêché une délégation officielle à Rome pour exiger des éclaircissements du groupe, sous la menace d'annuler la transaction. Si l'Inde en venait à invalider l'accord, ce sont les Français qui s'en réjouiront en plaçant leurs avions Rafale sur le marché indien. L'Algérie est également cliente de Finmeccanica et a conclu des affaires se montant à des centaines de millions de dollars avec ce groupe coté en Bourse. Ce fut le cas, entre autres, pour Selex (Sistemi Integrati) une de ses filiales reconnue comme leader européen en matière de surveillance, de contrôle et de sécurité. Cette société a équipé plusieurs aéroports algériens en radars et matériels de surveillance. En 2008, la Gendarmerie nationale a conclu une transaction pour la somme faramineuse de 230 millions de dollars avec cette entreprise pour l'installation d'équipements de communication et de surveillance dans ses différentes unités (lire El Watan du 12 janvier 2008). Selex a été au centre d'un autre scandale de corruption en 2011, qui a mené à la démission de sa présidente, qui n'était autre que l'épouse du président de Finmeccanica à l'époque, Pier Francesco Guarguaglini, lui aussi démissionnaire car mis en examen pour une affaire de pots-de-vin lors de la vente de navires de guerre au Brésil…