Les syndicats de l'éducation contestent la correspondance de la commission nationale des œuvres sociales portant sur l'octroi de «primes injustifiées» aux membres des commissions de wilaya. Dans un communiqué rendu public hier, le Cnapest élargi (syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique) critique vivement le contenu de cette correspondance qui date du 4 février dernier. Cette dernière porte sur l'octroi d'une prime forfaitaire de 10 000 DA/mois au président de la commission de wilaya ainsi qu'aux gestionnaires. Pour sa part, le vice-président de la commission de wilaya aura une prime de 8000 DA/mois. Les membres des commissions des wilayas du Nord toucheront également une prime de 2000 DA/mois. Ceux qui travaillent au Sud vont voir la leur augmentée de 50% par rapport à celle de leurs collègues du Nord. «Décision injustifiée», pour le Cnapest. «Première faille de la centralisation de la gestion des œuvres sociales», pour le Conseil des lycées d'Algérie (CLA). «Nos instances vont se réunir le plus tôt possible pour décider des suites à donner à cette action. Nous allons même saisir le ministère de l'Education», martèle Nouar Larbi, secrétaire général du Cnapest. Et d'enchaîner : «Nous avons fait campagne pour la gestion centralisée afin d'assurer la solidarité entre les travailleurs de l'éducation. Aujourd'hui, le principe de solidarité est bafouillé.» Ce syndicaliste rappelle que les syndicats ne sont pas contre le remboursement des frais des déplacements et autres. Le porte-parole du CLA, qui dénonce énergiquement l'attitude de la commission nationale des œuvres sociales, déclare que les travailleurs qui attendent depuis 2010 le déblocage de leur argent seront surpris d'apprendre que des primes conséquentes vont être octroyées aux responsables de ces commissions. Les syndicalistes relèvent plusieurs anomalies dans la manière dont ces primes ont été octroyées : le mode utilisé dans l'envoi de la circulaire «top-secret» qui a été donné à la correspondance, la différence entre les sommes octroyées allant de 2000 à 10 000 DA ainsi que la décision prise au moment où le règlement intérieur n'est pas adopté. Pourquoi les syndicats ne sont-ils pas au courant du contenu des délibérations de cette commission ? Quelle est la prime octroyée au président de la commission et aux membres de cette commission ? Ce sont les questions soulevées par le Cnapest. Pour sa part, le CLA déplore le fait que les membres de cette commission «aient commencé à se servir avant de servir les travailleurs de l'éducation qui attendent des crédits depuis longtemps. Où est le principe de la solidarité pour lequel des syndicats ont fait campagne ?», s'interroge le CLA. Contacté par nos soins, Abderahmane Benmechri, président de la commission nationale des œuvres sociales, qualifie la réaction des syndicats de «bizarre». «Cette prime a été décidée suite à la tenue de l'assemblée générale ayant vu la présence des présidents des commissions de wilaya. Nous ne faisons qu'appliquer les décisions approuvées par cette assemblée», explique M. Benmechri. Ce dernier annonce la tenue d'une autre assemblée en mars prochain. «Nous allons informer les syndicats. Ils ont droit de proposer la révision de cette décision», souligne-t-il. A propos du cachet «top-secret», M. Benmechri estime que la correspondance se fait entre la commission nationale et les commissions de wilaya. C'est pourquoi elle n'a pas été rendue publique. «Ils ne sont pas censés tout connaître», commente-t-il. Au sujet de la réaction des syndicats, le président de la commission nationale déclare que «ces derniers veulent que les membres de la commission soient soumis à leur décision». Revenant sur les raisons ayant justifié cette indemnité forfaitaire, M. Benmechri insiste sur le fait que cette indemnité englobe les frais de déplacements ainsi que les heures supplémentaires, assurant que le règlement intérieur est ainsi établi.