Depuis le 1er février dernier, la Société algérienne du chlore a baissé les rideaux, mettant à la retraite anticipée l'ensemble de ses travailleurs. Construite pour servir d'appoint à la production de pâte à papier, l'unité d'électrolyse de l'ex-Sonic résulte de la filialisation de cette entreprise publique née à la faveur de la politique d'industrialisation initiée à la fin des années 60 par le président Boumediene. C'est lui-même qui viendra l'inaugurer en 1969. Victime de son gigantisme et de la faible maîtrise technologique, l'unité Celpap de Mostaganem mettra plus de 30 ans pour péricliter. Seule l'unité d'électrolyse survivra à cette amère expérience en parvenant à alimenter une grosse part du marché national du chlore. Maintenue en marche grâce à de lourds investissements, l'unité sera très vite classée parmi les sites les plus pollueurs du pays et inscrite sur la liste noire du ministère de l'Environnement. Sa délocalisation a été plus d'une fois évoquée et un dossier soigneusement élaboré et soumis à la tutelle. Maintes fois approchée par des opérateurs étrangers en vue d'une privatisation partielle, la Soachlore déclinera toutes les offres. Pendant que le dossier d'investissement était recalé par le conseil de participation, deux opérateurs privés prenaient pied, l'un dans la région de Skikda et le second, dans la zone industrielle de Fornaka. Ce dernier prendra tout son temps pour installer à côté d'une usine de silice, une unité d'électrolyse ultramoderne. Par un curieux concours de circonstance, c'est le jour où la Soachlore mettait à la retraite son personnel que l'unité Adwane de Fornaka entrait en production. Ce qui est certain, c'est que le marché algérien ne manquera pas d'eau de Javel avant longtemps. Par contre, ce sont les employés de Soachlore qui sont montés au créneau en occupant l'usine afin de réclamer une modification des modalités de mise à la retraite. Les plus vaillants d'entre eux sont depuis quelque temps déjà en activité chez l'opérateur saoudien de Fornaka. Cependant, la fermeture de Soachlore ne fera pas que des malheureux, puisque c'est désormais la faune et la flore marine de la baie de Mostaganem qui retrouveront un milieu propice à leur retour en grâce.