Même s'il a eu le mérite d'aborder des sujets très intéressants à travers des interventions souvent percutantes, le premier colloque national «Les Aurès à travers l'histoire», abrité les 18 et 19 février par la maison de la culture Ali Souaihi de Khenchela, a fait l'impasse sur de nombreuses questions et autres vérités historiques qui ont profondément marqué la région durant la Révolution. Certains faits demeurent encore classés dans la case des tabous. Des étudiants présents dans la salle n'ont pas manqué de poser la question des liquidations physiques de certaines personnalités de la Révolution. Un sujet qui continue d'alimenter la polémique à ce jour, en l'absence de textes et d'écrits historiques, surtout que de nombreux spécialistes ont évité d'aborder cette question. «Dans toute révolution à travers l'histoire, il y a eu des liquidations pour diverses raisons ; pendant la Révolution algérienne, certaines personnalités ont été liquidées pour leurs positions politiques fermes, notamment à l'encontre des résolutions du Congrès de la Soummam ; d'autres l'ont été pour une affaire de mœurs», a répondu Abdelaziz Laâmid de l'université de Guelma. Allusion faite à l'affaire Chihani Bachir, premier adjoint de Ben Boulaïd et qui a pris les commandes de la Wilaya I après l'incarcération de ce dernier à la prison Coudiat de Constantine. Chihani Bachir fut exécuté devant ses compagnons d'armes le 23 octobre 1955. Lors de son intervention portant sur une étude statistique et analytique sur les Aurès à travers le journal qui porte le même nom et qui a disparu du champ médiatique, Liamine Chaâbane est allé loin en contestant même la version officielle de l'explosion du poste-radio piégé causant la mort de Mustapha Ben Boulaïd, en mars 1956. «Je dirais même que les véritables circonstances de cette mort demeurent inconnues comme d'ailleurs celles relatives à la mort de Abbas Laghrour et plusieurs autres dirigeants de la Révolution dans les Aurès, alors qu'à ce jour, on ignore encore les causes de la reddition de Adjel Adjoul», a-t-il avancé. Pour Youcef Kasmi de l'université de Guelma et animateur de la séance, le débat sur ces questions devra se faire d'une manière objective et académique sans verser dans la polémique de qui a fait quoi et qui a été le commanditaire et le bénéficiaire. Un débat qui n'est pas allé au fond des choses en raison, peut-être, de la thématique quelque peu réservée. L'assistance, composée essentiellement d'étudiants, est restée malheureusement sur sa faim.