Après une courte trêve, le secteur de l'éducation renoue avec la protestation. Trois syndicats autonomes ont appelé hier leurs adhérents à protester contre les «abus» enregistrés. L'Union nationale des personnels de l'éducation et de la formation (Unpef) et le Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest) ont appelé à une grève de trois jours pour exiger la révision de la prime de zone. Le Conseil des lycées d'Algérie (CLA) a exprimé son refus catégorique des différentes formes de violence à l'égard des enseignants. Ce dernier a opté pour un sit-in d'une heure (de 10h à 11h) hier, dans tous les lycées d'Alger. «Cette action a été suivie à 90%», a déclaré Zoubir Rouina, secrétaire général de la section syndicale CLA de la wilaya d'Alger. Cette action intervient suite à l'agression d'une enseignante par son élève, au lycée Okba, à Bab El Oued. D'après le CLA, cet incident est loin d'être un acte isolé⁄; «de nombreux actes similaires ont été enregistrés cette année dans la capitale sans que la tutelle bouge le petit doigt», regrette le CLA. Ce syndicat, qui reconnaît que la violence prend des proportions inquiétantes, se prépare pour la tenue d'une conférence qui va regrouper les syndicats, les parents d'élèves et les spécialistes pour tenter de trouver une solution à ce phénomène. Les deux autres syndicats, à savoir l'Unpef et le Snapest, observent une grève depuis hier dans toutes les wilayas du Sud pour demander l'augmentation de la prime de zone dont le calcul s'appuie jusque-là sur le salaire de base de l'année 1989. D'après le communiqué du Snapest, rendu public hier, cette grève a été suivie dans le secteur de la Fonction publique à 75% dans la mesure où elle concerne également les fonctionnaires des secteurs de la santé et de l'université. «Au niveau des lycées, la grève a été suivie à 82%. Dans certaines wilayas à l'instar d'El Bayadh, Ouargla, Béchar, Tamanrasset, Adrar et Biskra, le taux de suivi dépasse les 90%», indique le Snapest. L'Unpef avance un taux de suivi de 71,77% pour les 12 wilayas du Sud concernées par cette action de protestation. Ce chiffre a été arrêté hier à 11h30. L'adhésion à cette grève est différente d'une wilaya à une autre. Le taux le plus élevé a été relevé à Biskra (87,90%) alors que la wilaya de Naâma a enregistré le taux le plus bas, à savoir 22%. «Les autres secteurs, en l'occurrence les fonctionnaires de la santé et ceux de l'enseignement supérieur, ont adhéré massivement à cette action», rapporte le communiqué de l'Unpef. Les syndicats de l'éducation promettent d'aller plus loin dans leur mouvement de protestation au cas où cette action n'a pas l'effet escompté. Il y a lieu de relever encore une fois la dispersion des rangs des syndicats autonomes. Bien qu'ils annoncent la même plateforme de revendications, chaque syndicat a décidé de mener seul des actions de protestation sur le terrain. C'est du moins ce que révèle le mode de communication adopté : deux communiqués différents pour le même objectif avec des statistiques plus ou moins différentes.