Barbès Café est un hommage en musique à l'immigration algérienne. C'est la troisième fois que ce spectacle revient, du 23 février au 15 mars 2013, au Cabaret sauvage que dirige Meziane Azaiche. -Quels sont, selon vous, les secrets de la réussite de Barbès Café ? Le secret de la réussite de Barbès Café est que c'est un spectacle qui parle de l'immigration, en mettant en valeur les chansons de ces artistes qui parlent de leur vie d'exil et d'immigration. Ce spectacle est devenu réalité grâce à un profond travail de recherche, tant sur la musique de cette époque que sur l'histoire de l'immigration algérienne en France. Les chansons expriment les revendications sociales de cette époque. Aujourd'hui, elles restent encore d'actualité, même 50 ans après. L'autre secret réside dans le travail accompli par le flûtiste Nasredine Dalil, qui s'est occupé de la direction musicale du spectacle. C'est lui qui a actualisé ces chansons pour les remettre au goût du jour. -Pourquoi avez-vous pensé à un spectacle sur la chanson immigrée ? L'immigration en France reste encore un sujet à la fois important et sensible que ce soit pour les hommes politiques que pour les gens en général. Ce spectacle a également pour objectif d'expliquer ce qu'était l'immigration à nos enfants. Les sensibiliser sur les difficultés rencontrées avant par les immigrés, telles que le racisme et l'injustice, mais aussi l'aide, surtout financière apportée par ces Algériens à la guerre de Libération nationale. -La version 2013 est légèrement différente des précédentes. Qu'y a-t-il de nouveau et pourquoi ? La nouvelle version de Barbès Café essaye de coller à l'actualité politique et sociale française et à tout ce qui peut toucher de près ou de loin l'immigration. Cette nouvelle version interpelle notre Président «normal» (François Hollande, ndlr). Nous attendons de voir s'il tiendra sa promesse, à savoir donner le droit de voter aux municipales pour les immigrés, ou s'il va finalement faire comme Mitterrand qui, en 1981, avait promis la même chose, mais en vain.Par ailleurs, avec la nouvelle version de Barbès Café, nous remercions notre président «normal» d'avoir reconnu, 50 ans après, le massacre du 17 Octobre 1961. -Quel regard portez-vous sur la culture algérienne en France ? Et quel est le rôle du Cabaret sauvage ? Je trouve la culture algérienne en France très active, mais malheureusement pas assez soutenue ni par les institutions algériennes ni par les institutions françaises. C'est une culture livrée à elle-même. Elle manque parfois de professionnalisme, ce qui rend sa visibilité beaucoup plus difficile.Le Cabaret sauvage a pour rôle d'essayer d'apporter une touche de professionnalisme, de donner à cette culture une place importante à Paris, ainsi que les moyens techniques et professionnels nécessaires pour son existence. Le Cabaret sauvage est aussi un lieu où l'on peut croiser des personnes de différentes cultures. C'est un endroit où il est possible de rencontrer des artistes qui sortent d'une vision très fermée de nous- mêmes. Une culture est vivante quand on arrive à la partager avec les autres.