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«L'entraîneur algérien est compétent »
Adel Amrouche. Sélectionneur du Kenya
Publié dans El Watan le 27 - 02 - 2013

L'Algérien Adel Amrouche a donné un nouvel élan à sa carrière d'entraîneur en devenant, à 44 ans, le sélectionneur de l'équipe nationale du Kenya, les Harembee Stars. La Fédération kenyane de football (FAK) l'a choisi pour remplacer le Français, Henri Michel, et redresser la situation de sa sélection en difficulté dans les éliminatoires de la Coupe du monde 2014. Dans l'entretien qu'il nous a accordé à partir de Naïrobi, le coach algérien revient sur les conditions de sa nomination, ses projets et bien d'autres choses.
- Adel Amrouche sélectionneur du Kenya, c'est une belle surprise…

Une surprise oui et non. C'est vrai qu'être nommé sélectionneur d'une équipe nationale comme le Kenya qui, il ne faut pas l'oublier, est un grand pays où le sport occupe une place importante. Voyez ce que réalisent les athlètes kenyans en athlétisme, ce n'est pas une mince affaire. Je suis honoré de la confiance qu'ont placée en moi les responsables de la fédération. En même temps, ce n'est pas une surprise, parce que depuis des années je sillonne le continent. Si les dirigeants de la fédération m'ont préféré à d'autres coachs étrangers, c'est qu'il doit y avoir une bonne raison.
- Vous ne semblez pas trop être surpris par votre nomination à la tête des Harembee Stars…

Pourquoi devrais- je l'être, à partir du moment où j'ai postulé pour ce poste ? Au départ, il y avait 20 candidatures et j'ai figuré sur la short-list établie à cet effet, en compagnie de 4 autres entraîneurs. Au final, c'est moi que la fédération a choisi. Pourtant dans la liste il y avait du lourd, plus particulièrement des coachs européens. Lors de la conférence qui a suivi la signature du contrat, le président a dit '' avec Adel, nous avons fait le bon choix''. C'est dire l'estime que me portent les responsables de la fédération.

- La signature du contrat a-t-il été un grand moment pour vous ?

Et comment ! C'est le début de l'aboutissement des années de travail comme technicien. En conférence de presse, j'ai prononcé quelques mots en swahili qui ont produit un grand effet dans la salle. J'ai une passion pour les langues qui me permet de communiquer avec les joueurs à tout instant. Etre entouré par le ministre de la Jeunesse et des Sports, du président de la Fédération, des membres de l'exécutif et mesurer le degré de leurs attentes ne m'a pas laissé insensible. C'est un challenge, et je vais tout faire pour le relever.
- Quels sont les objectifs que vous a assignés la Fédération ?

La Fédération m'a proposé un contrat de 2 ans, assorti d'une prolongation d'une année. Le Kenya veut organiser la CAN 2019 et s'est déjà projeté sur cette échéance. La Fédération compte sur moi pour lancer les bases de ce grand chantier.
- Adel, vous avez fait du chemin depuis vos débuts de footballeur au RC Kouba…

Effectivement. Après mes débuts de footballeur au RC Kouba, j'ai ensuite rejoins l'USM Alger et la JS Kabylie avant d'embrasser la carrière d'entraîneur après la fin de ma formation à l'ISTS.
J'ai ensuite entamé ma carrière d'entraîneur à Alger, avant d'aller m'installer en Belgique où je suis devenu depuis conseiller technique à la Fédération royale belge. Je suis encore conseiller technique, depuis 17 ans, à l'Union saint-liégoise.
- Vous n'êtes pas resté en Belgique, puisque vous avez dirigé des clubs et une sélection en Afrique…

C'est vrai. A partir du début des années 2000, je suis parti travailler en Afrique. En 2001, j'étais consultant à Orlando Pirates (Afrique du Sud). En 2002, j'ai été sollicité par le club congolais de Motema Pembé. Je suis resté 3 ans dans ce club, au cours desquels j'ai gagné des titres. Ensuite, je suis parti en Guinée équatoriale mais je ne suis pas resté longtemps.
En 2005, j'ai posé mes valises en Azerbaidjan. En 2006, Motemba Pembé m'a sollicité de nouveau. Je suis resté 2 saisons. En 2007, le Burundi m'a fait appel et je suis resté à la tête de la sélection jusqu'en 2012. A présent je suis à la tête des Harembee Stars pour, j'espère, le plus longtemps possible.
- La tâche qui vous attend ne sera pas facile. Le challenge, construire une sélection compétitive, va demander beaucoup de temps et de travail…

J'en suis conscient. Je vais m'y employer sans attendre. Je vais avoir la haute main sur la sélection, le programme de développement du football, le suivi du travail dans les clubs. Je vais sillonner le pays pour faire une large prospection du produit local. Je ferai des tournées dans les pays ou jouent des footballeurs kenyans. Les professionnels sont presque partout en Europe, en Asie et même aux Etats-Unis. J'établirai des passerelles permanentes avec les coachs locaux, le scooting sera permanent. C'est ce qu'attend de moi le président de la Fédération qui m'a avoué « je t'ai choisi après de multiples investigations partout où tu es passé. J'ai pris soin de m'informer sur toi sur tous les plans afin de ne pas me tromper dans mon choix. A présent que tu es là avec nous, on te fait confiance pour travailler à la tête de la sélection». C'est fort !
- Il n'a pas exigé la qualification à la Coupe du monde 2014…

Pas du tout. Après 2 journées, le Kenya compte 1 point seulement et ferme la marche du groupe F dominé par le Nigéria, récent vainqueur de la CAN 2013. Il sera difficile de lutter contre cet adversaire dans le contexte actuel. Mais avec le temps et le travail, le Kenya aura une sélection qui fera parler d'elle. C'est mon objectif. Travailler pour gagner et produire du beau jeu sont les axes prioritaires de mon travail.
- Votre nomination à la tête du Kenya, c'est aussi une forme de reconnaissance de la valeur du coach algérien…

A travers ma petite personne, c'est une marque d'estime pour l'ensemble du corps d'entraîneurs algériens. Il est tellement décrié ces derniers temps, que ses membres se font petits. Les entraîneurs algériens doivent adopter une autre posture par rapport au contexte dans lequel ils évoluent.
L'entraîneur algérien est compétent et la compétence ne se mesure pas à la renommée seulement d'un club ou d'une sélection. Adel Amrouche est un pur produit de l'école de formation algérienne. Pour bien exercer mon métier, j'ai été contraint de partir à l'étranger. Je profite de cette occasion pour saluer tous les entraîneurs algériens et plus particulièrement Ali Mechiche et Mourad Slatni.


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