Les crises de leadership et de clans que connaissent depuis plusieurs mois les partis au pouvoir ou du pouvoir – le RND, le FLN, ainsi que le MSP, passé à l'opposition depuis les dernières élections législatives – ont fourni la démonstration éclatante, pour ceux qui en doutaient encore, que ces formations supposées former la majorité politique et parlementaire, donc éligibles pour gouverner et diriger le Parlement, ne sont que des paravents et des appareils politiques au service du pouvoir. Dans tout système politique qui se respecte, lorsqu'une formation politique qui forme, seule ou avec d'autres partenaires, la majorité parlementaire ou présidentielle (comme c'est le cas de la coalition en place qui se réclame du programme présidentiel), est secouée par un mouvement de contestation, cela se ressent immanquablement dans le fonctionnement des institutions du pays. Le gouvernement et le Parlement sont paralysés et de nouvelles élections anticipées sont convoquées pour surmonter la crise institutionnelle. Ce qui se passe au FLN et au RND est symptomatique d'une énormité politique de pays qui n'ont de démocratique que la devanture. Et où la majorité politique et électorale n'est pas fondée à exercer nécessairement le pouvoir. On le fait en son nom. Le FLN et le RND sont divisés en autant de factions que de clans et de groupements d'intérêt. Des pro et des anti-Ouyahia, des pro et des anti-Belkhadem. Du jamais vu dans la vie du sérail : une pétition de soutien à Belkhadem, parrainée par de nombreux députés du FLN, avait même circulé au plus fort de la crise avant la destitution de l'ancien secrétaire général du parti. Au niveau de l'Exécutif, les 5 ministres FLN sont restés unis et soudés derrière le mouvement de redressement du parti. Ces circonvolutions (contorsions ?) politiques, à un tel degré de proximité supposé avec le pouvoir, auraient pu mettre le gouvernement, le Parlement et, de façon plus particulière, le président Bouteflika dans l'embarras si cette crise interne des partis de la coalition au pouvoir avait gagné les institutions, comme cela aurait été le cas dans un système démocratique. Imaginons un seul instant ce qui se serait passé si les députés du FLN et du RND loyaux à Belkhadem et Ouyahia s'étaient constitués en groupes parlementaires dissidents, refusant de suivre les consignes de vote de leurs directions politiques (nouvelles) respectives ! C'est là, bien évidemment, de la pure politique-fiction. Car on l'a bien vu : ni le gouvernement ni le Parlement n'ont eu à pâtir de quelque façon que ce soit de la situation de crise des deux formations politiques. Tous ces gens qui s'escriment pour le contrôle de leurs partis derrière leurs candidats respectifs se retrouvent paradoxalement unis comme les doigts d'une seule main au Parlement pour voter solidairement, sans aucune voix dissidente, les projets de loi du gouvernement. C'est la preuve par neuf que les partis prétendument au pouvoir ou du pouvoir ne sont qu'un leurre et une coquetterie politique. Le RND est sans chef depuis plusieurs semaines déjà et le FLN est parti, lui aussi, pour une longue période d'instabilité autour du problème de la succession à Belkhadem. Cela n'a pas empêché pour autant la roue des institutions de continuer de tourner dans le même sens. Dans le vide.