Ce qui n'était que simple supputation tend à devenir une réalité incontournable. Le bruit qui courait ces derniers jours sur une motion de retrait de confiance à Karim Younès, président de l'Assemblée populaire nationale, initiée par les opposants à Benflis au sein de la majorité parlementaire pour le destituer de son poste se confirme de plus en plus. En effet le députés frondeurs auraient entamé des démarches auprès de leurs collègues du RND et du MSP des deux chambres pour appuyé leur demande de retrait de confiance à Karim Younès «pour avoir mis à profit la tribune de l'APN afin de régler un problème interne au parti FLN et s'attaquer au Président de la République» comme le souligne Abdelhamid Si-Affif joint, hier, au téléphone. L'allocution de Karim Younès, prononcée à cette occasion, a fait sortir de leurs gonds et ses opposants au sein du son parti et certaines formations politiques siégeant à l'APN. C'est le cas notamment du RND qui se dit «étonné par le discours prononcé par le président de l'APN». Le deuxième parti du pays a même évoqué le risque de voir «le Parlement dissous s'il y a crise». C'est dire que Karim Younès a véritablement soulevé un tollé chez les députés. D'ailleurs cette sortie de Karim Younès a failli créer une crise institutionnelle sans précédent au point ou pas moins de 19 députés pro-Benflis ont rejoint définitivement les rangs du mouvement de redressement dont l'instance dirigeante est présidée par le ministre des Affaires étrangères, Abdelazizz Belkhadem. A ce sujet, Si-Affif ajoute: «Nous allons demander à Karim Younès de rendre compte de sa sortie lors de la prochaine réunion de l'APN». Cette initiative menée par le député Abdelwahad Bouabdellah a reçu jusqu'à hier le soutien de 52 députés FLN alors que d'autres sont en voie de rejoindre le mouvement de redressement, toujours selon Si-Affif. Du côté des députés du mouvement de redressement, notamment ceux qui se sont clairement affichés contre la ligne de conduite du secrétaire général du FLN et qui remettent en cause les résolutions du VIIIe congrès, cette question n'est pas évoquée pour le moment. Pour Abdelhamid Si-Affif, cette question n'est pas d'actualité «la motion de retrait de confiance à Karim Younès n'a pas été invoqué pour le moment, il y a plus urgent». Entre-temps les partisans de Ali Benflis ne sont pas restés les bras croisés. Sentant sa fin politique proche, Ali Benflis aurait décidé de lorgner du côté des anti-Ouyahia. En effet certaines informations font état de contact entrepris par le secrétaire général du FLN avec les anciens dissidents du RND, hostiles à Ahmed Ouyahia qui s'étaient élevés contre lui au lendemain de la débâcle des législatives de mai 2002. Ces tractations sont menées tambour battant dans le but de cautionner la candidature de Ali Benflis à la prochaine présidentielle le risque d'être reportée en raison de la crise institutionnelle qui pourrait être engendrée par la dissolution des deux chambres dans le cas où Ali Benflis décide de retirer ses ministres et ses députés. Une option qu'il aurait dû choisir juste après son limogeage pour rester dans le sillage des grands de la politique.