Les promoteurs immobiliers mettent en garde contre les nombreux blocages qui les empêchent d'avancer dans les programmes de construction de logements. Lors d'une réunion organisée, hier à Alger, par l'Union nationale des promoteurs immobiliers (UNPI), les représentants de la corporation ont énuméré les écueils qui freinent l'avancement des projets de construction : difficultés d'accès au foncier, renforcement des conditions d'octroi d'agréments, l'absence de coordination et un manque accru de concertation, des rigidités administratives, de la frilosité des organismes financiers et de la présence d'un dispositif d'encadrement obsolète… En clair, souligne Mme Houria Bouhired, membre de l'UNPI, les promoteurs doivent faire face à un «système kafkaïen» pour faire aboutir leurs projets. «Le gouvernement a donné la priorité à la construction de logements, mais l'appareil est grippé. Nos engagements n'ont pu être tenus, car il y a des acteurs du secteur qui, consciemment ou inconsciemment, créent des blocages», dénonce-t-elle. Et de préciser : «Les pouvoirs publics formulent des remontrances en faisant mine de ne pas connaître les contraintes (foncières, administratives…) qui nous freinent.» «Nous sommes confrontés aux pires situations, mais le seul souci de l'Etat est de livrer dans les délais. Les pouvoirs publics font la sourde oreille à nos problèmes.» Elle préconise aux promoteurs des différentes wilayas du pays de s'organiser pour opérer des rééquilibrages pour une remise en ordre et des corrections, afin de permettre à leur secteur de se hisser au niveau de sa tâche et d'assumer ses responsabilités et surtout «regagner la confiance des institutions et surtout des citoyens, les premiers concernés par ces programmes de logement». Les promoteurs immobiliers sont, par ailleurs, otages d'une image d'escroc qui leur colle à la peau. «Les promoteurs immobiliers sont devenus les boucs émissaires, exposés à la vindicte populaire, car les citoyens sont loin d'imaginer les difficultés auxquelles nous sommes confrontés», se désole Mme Bouhired, soulignant les ennuis pour les promoteurs d'obtenir un agrément auprès de l'Etat. «Nous sommes coupables avant d'avoir fait quoi que ce soit. A cause de la nouvelle loi, la majorité des promoteurs travaillent dans l'irrégularité», dénonce-t-elle. La nouvelle loi sur la promotion immobilière ne semble pas être du goût des représentants de la corporation. «Si l'on ne lève pas certaines contraintes, on ne peut pas travailler», soutient Mme Bouhired. «Les pouvoirs publics ne savent peut-être pas qu'en établissant certaines lois, ils nous mettent le couteau sous la gorge.» Le directeur national des domaines, M. Himour, a apporté quelques mises au point, précisant que le pouvoir d'octroi du foncier appartient au wali, en tant que représentant de l'Etat. «Quand le secteur urbanisé est saturé, dit-il, les choses deviennent plus difficiles. Il faut des mesures dérogatoires, un conseil interministériel pour lorgner les terres agricoles. La seule solution est d'aller vers la création d'espaces». Selon lui, le problème ne réside pas dans l'accès au foncier, mais dans sa gestion.