Les promoteurs immobiliers affiliés au Fonds de garantie et de caution mutuelle de la promotion immobilière (FGCMPI) ne sont pas contents et ils le font clairement savoir. En effet, selon ces promoteurs, les difficultés sont telles qu'il est impossible de respecter les délais de réalisation et encore moins de se lancer dans les nouveaux programmes décidés par le gouvernement dans la perspective d'atténuer la crise de logement. Parallèlement à cela, certains promoteurs ont affirmé hier, à l'occasion de la 11e assemblée générale des promoteurs adhérents au FGCMPI, que depuis la promulgation de la nouvelle loi qui régit la promotion immobilière, des centaines de dossiers en attente d'agrément sont bloqués au niveau du ministère de l'Habitat et de l'Urbanisme. Certains agréments sont bloqués depuis plus d'une année, attestent ces promoteurs qui affirment qu'ils continuent pourtant à travailler et à réaliser des logements sur injonction de l'administration qualifiée, par ailleurs, par ces mêmes promoteurs immobiliers, «d'obsolète, de dépassée et qui ne répond plus à aucun critère». Deux types de difficultés sont rencontrées sur le terrain, dira Houria Bouhired, une femme promoteur qui a tenu absolument à prendre la parole lors des débats qui ont suivi l'ouverture des travaux de l'assemblée générale du FGCMPI organisée à l'hôtel Aurassi à Alger. Il s'agit, a-t-elle déclaré, du problème du dispositif d'encadrement des opérations de promotion immobilière qui concernent les différents types de logements aidés (LSP, LPA, location-vente, etc.) ainsi que du problème relatif au foncier. La révision de l'actuel dispositif d'encadrement des programmes sociaux, une priorité des pouvoirs publics, a-t-elle insisté, en rappelant que tout retard dans la réalisation des programmes de logements aura des impacts néfastes sur les promoteurs, les citoyens et les autorités qui devront faire face à une grogne sociale. Qualifiant le dispositif de «bureaucratique, basé essentiellement sur la méfiance», Mme Bouhired a fait savoir devant des centaines de promoteurs, venus des quatre coins du pays, qu'il était temps de rompre avec les pratiques actuelles qui favorisent, dit-elle, «le clientélisme, la corruption, le déni, le passe-droit et qui occultent la créativité, le sérieux et la compétence». En fait, hier, on a assisté lors des débats et en marge de cette 11e assemblée à un véritable «déballage» de la part des promoteurs immobiliers qui se retrouvent, d'après leurs explications, très souvent devant des situations kafkaïennes à cause notamment de lenteurs administratives qui les pénalisent et qui pénalisent le citoyen en attente de son logement. De son côté, le secrétaire général du ministère de l'Habitat et de l'Urbanisme, Boulaaras Ali, a affirmé que l'Etat accorde une importance capitale au Fonds de garantie. «Nous sommes devant une bataille décisive pour diminuer de la crise de logement», a-t-il déclaré en révélant que près de 50 milliards de dollars sont injectés par les pouvoirs publics pour réaliser des centaines de milliers de logements toutes formules confondues. Parlant au nom du ministre, M. Boulaaras a reconnu cependant qu'en dépit de tous les moyens engagés, il existe des insuffisances d'où, explique-t-il, le recours aux entreprises étrangères. Ces dernières, a-t-il souligné, vont désormais investir le secteur pour apporter leur savoir-faire à travers des partenariats qui seront lancés avec des entreprises algériennes publiques et privées. «Même les Américains sont intéressés par le secteur», a-t-il déclaré en annonçant que le gouvernement a décidé, par ailleurs, d'introduire un autre quota de 150.000 logements (location-vente). Le SG du ministère de l'Habitat qui assure que le ministre s'engage résolument à accompagner les promoteurs immobiliers, s'est montré désolé, par ailleurs, de voir les projets LSP de moins en moins garantis au sein du FGCPMI. En effet, selon le bilan présenté par le directeur général de ce fonds, l'année 2011 est caractérisée par une nette régression du logement social participatif de l'ordre de 9.122 unités par rapport à l'année précédente alors que le logement promotionnel libre a connu durant la même période une progression atteignant 1.646 unités de plus par rapport à 2010. Le directeur du FGCPMI a assuré cependant qu'en matière de livraison des logements durant l'année 2011, le LSP arrive en tête avec 91% du total des livraisons de logements. Enfin, il y a lieu de souligner que les responsables du FGCPMI ont présenté, hier, un projet de création d'une société de réalisation qui aura pour mission d'achever les projets à l'arrêt pour cause de défaillance du promoteur. Sur 1.162 projets en moyenne, garantis chaque année par le FGCPMI, et couvrant 92.192 logements, l'on dénombre 4.289 logements en moyenne par an qui s'arrêtent pour cause de «défaillance de l'outil de réalisation», a déclaré le DG du Fonds de garantie qui souligne que cela représente 5% du programme annuel garanti. La nouvelle société qui sera créée sera constituée de promoteurs immobiliers algériens qui adhèrent au fonds et aura un partenaire étranger qui sera chargé quant à lui de la gestion, de la formation, de l'encadrement et du coup le transfert de technologies dans le domaine du management et de systèmes de construction.