La quasi-majorité des électeurs n'ont su qu'il y a eu report qu'une fois déplacés au bureau de vote. Le département de Tou n'a pas eu, en effet, le geste d'informer la corporation dans les délais nécessaires. Un contretemps qui n'est pas sans exaspérer leur sentiment de faire les frais d'un manque d'égards de trop et des enjeux politiques qui se précisent autour de leur organisation déontologique. Après un retard de plusieurs années, le conseil avait finalement décidé d'organiser de nouvelles élections. Elles ont d'ailleurs été programmées pour le 23 février dernier. Cependant, des médecins et les syndicats contestant la légitimité des membres actuels de l'ordre ont saisi le ministre afin d'annuler ces élections jugées truquées d'avance. Chose faite, et à titre exceptionnel, le ministre a pris l'initiative d'organiser lui-même ces élections par un arrêté ministériel (n°175 du 3 janvier 2006). Beaucoup de bruit a entouré ce nouveau rendez-vous, notamment au sein des conseils régionaux où les tenants du renouveau se sont heurtés à une résistance farouche de la part des bureaux sortants, à l'image de ce qui s'est passé à Constantine. L'un des animateurs de la revendication de renouvellement, le docteur Hakim Hitache, vient d'ailleurs d'être acquitté dans l'affaire l'opposant au président sortant du conseil régional qui l'avait poursuivi pour diffamation suite à ses déclarations à travers la presse mettant en cause la gestion du président et le caractère illégal de son mandat qui se prolongeait malgré le gel décidé par le Conseil de l'Etat. Les choses en étaient arrivées à ce point. Pressions Les véritables causes de cet énième report ont cependant, les relents de manipulations politiques. Des indiscrétions lorgnent du côté l'UMA (organisation des médecins algériens) et d'un autre ministère. Cette organisation qui est à l'origine de la création de l'ordre ne semble pas accepter de perdre le contrôle du conseil, considéré comme une véritable force avec ses 40 000 adhérents, et avec les milliards des cotisations et autres sponsors passant sous le nez des impôts. Amar Tou subirait, laisse-t-on dire, de grandes pressions qui ont fini par l'amener à céder et décider du report. Le minigouvernement parallèle installé par Abdelaziz Belkhadem et composé de ministres FLN, s'est même réuni le 12 avril pour discuter de la question et établir une stratégie pour amener le conseil dans le giron du parti. Opération réussie dans sa première étape sur le dos de la majorité des médecins qui ignorent les intentions politiques qui menacent l'intégrité et la neutralité de leur corps. A juste titre, un médecin constantinois a écrit : « L'ordre des médecins depuis sa création n'a cessé d'être dans la tourmente, traîné à maintes reprises devant les tribunaux et conseils d'Etat par des luttes intestines et des courses aux postes de responsabilité, il n'a de fait jamais réellement existé. Quels sont ces enjeux qui font que cet ordre est tant convoité ? Comment peut-on annuler de façon aussi légère et à la dernière minute des élections programmées par un calendrier fixé par un arrêté ministériel ? Et que feront les candidats et les médecins devant cet énième coup de force ? »