La victoire des démocrates aux élections de mi-mandat est désormais sans appel. Ils contrôlent la majorité du Sénat, à la Chambre des représentants et la majorité des gouverneurs portent leurs couleurs. George Bush a reconnu sa défaite, qu'il qualifie même de " raclée ". Le président américain, après la démission de Donald Rumsfeld, secrétaire d'Etat à la défense, n'a d'autres choix désormais qu'à tendre la main à la nouvelle majorité, partant peut-être d'une nouvelle " ère " de coopération entre républicains et démocrates. Si l'on fait les résumés de la presse internationale, c'est toute la politique du président Bush, en particulier sa guerre en Irak, qui a été fortement sanctionnée par les électeurs au scrutin. . La sanction infligée par les électeurs à la politique de Gorge W. Bush et le besoin d'un changement de cap, en particulier en Irak, sont les principaux enseignements des élections de mi-mandat. Partout les candidats républicains enregistrent des reculs spectaculaires, en particulier ceux qui étaient les plus impliqués dans le soutien à la guerre et à la " révolution néo-conservatrice " conduite par l'équipe du président Bush. Les démocrates réalisent, en conséquence, un quasi grand chelem. Ils gagnent la Chambre des représentants (+25 sièges). Ils détiennent désormais une majorité de postes de gouverneurs alors que les républicains partaient avec une très forte avance sur ce terrain. Un puissant rejet de la guerre Le mécontentement des électeurs à l'égard de la politique du président Bush se trouve dans tous les sondages effectués à la sortie des bureaux de vote. Il est d'autant plus explicite qu'une large majorité des personnes interrogées déclarent être déterminées non en fonction d'enjeux locaux mais nationaux. La guerre en Irak est la principale cause de cette formidable crise de confiance à l'égard de l'administration Bush, sachant qu'il ne se passe, pratiquement, plus une journée sans que l'on annonce la mort de nouveaux soldats. Compte tenu de l'ampleur du déploiement sur le sol irakien et des rotations nécessaires qu'implique l'occupation du pays, pratiquement toutes les familles ont un proche confronté à un danger immédiat ou potentiel. Les prétextes invoqués par l'Exécutif pour justifier la guerre sont de plus en plus communément pris maintenant par l'opinion pour ce qu'ils sont : des mensonges. Le coût exorbitant de la guerre, source de nombreux débats dans la campagne, a pesé sans doute, également, sur le choix des électeurs. Plus de 500 milliards de dollars ont, ainsi, été aspirés par les armes, selon les chiffres officiels, en réalité on a dépassé les 1 000 milliards de dollars, affirme l'économiste Joseph Stiglitz. Le sentiment d'avoir été abusé par le président porte aussi sur plusieurs autres aspects de sa politique. La " révolution conservatrice " a traumatisé toute une société. N'a-t-elle pas misé de façon inouïe sur le renforcement du sécuritaire, au point de mettre en cause les libertés fondamentales. N'a-t-elle pas creusé comme jamais les inégalités en réduisant les impôts pour les plus riches, les entreprises et pour Wall Street, accumulant la précarisation de millions de salariés et provoquant l'inquiétude des classes moyennes qui ont commencé à faire les frais des mesures ultralibérales, perdant notamment tout ou partie des couvertures sociales, si chèrement gagnées et qui restent inaccessibles pour plus de 50 millions de citoyens. Preuve que ce regain de conciliabilité pour les questions sociales, les consultations organisées dans 6 Etats, au même moment que le vote sur la nécessité ou non d'augmenter le salaire minimum (certains Etats ayant dans leur Constitution le pouvoir d'en fixer le niveau ) se sont soldés par des victoires très nettes des partisans d'une augmentation des rémunérations.