Le procureur de la République près le tribunal de Ziadia a été saisi sur une plainte contre x, déposée par le docteur Hakim Hitache pour falsification de documents au niveau du conseil régional de l'Ordre des médecins de Constantine. Le jour même, mercredi 30 novembre, dernier délai de dépôt de candidature et d'inscription aux élections du conseil, la police a opéré une descente dans les locaux de la section dans le cadre d'une enquête qui va devoir fournir des réponses à plusieurs questions. En effet, la conduite de l'opération d'inscription a privé la quasi majorité des praticiens qui n'ont pas reçu à temps leur convocation pour se rapprocher des organisateurs et accomplir les formalités. Ceux qui ont eu la chance d'être informés, ont reçu un courrier non daté, dépourvu de signature et manquant d'informer les destinataires des nouveautés qui vont prendre effet à l'occasion de ces élections, notamment l'amendement relatif aux cotisations. Une odeur de fraude plane déjà sur ce rendez-vous qui concerne 4000 praticiens couvrant quatre wilayas, à leur tête Constantine. Qui va organiser ces élections prévues pour le 23 février prochain ? L'assemblée nationale tenue le 15 septembre dernier à Alger n'a pas désigné officiellement des noms et compte tacitement sur les anciens responsables, disqualifiés pourtant suite au gel des activités des sections ordinales par arrêté du conseil d'Etat en 2001 confirmé dans le fond en 2004. Cela explique peut-être l'anonymat du courrier, mais ne peut justifier par contre le retard enregistré dans l'envoi de toutes les convocations avec note explicative, si ce n'est une manœuvre délibérée pour tenir à l'écart la majorité des concernés et organiser les élections dans un vase presque clos. Un véritable délit d'initiés d'autant que le document fait l'impasse sur le nouvel amendement qui stipule que contrairement aux élections précédentes, ne pourront se porter candidats et ne pourront voter que les médecins à jour de leurs cotisations au 30 novembre 2005. Cotiser ?! En voilà une drôle de condition, sachant qu'il n'est théoriquement pas faisable de cotiser chez une organisation qui n'existe pas légalement et qui de surcroît n'a pas intérêt à posséder un compte bancaire. « Que restera-t-il, sinon les quelques membres actuels de l'Ordre des médecins et quelques initiés qui pourront se représenter avec un maximum de chances de se voir élus une énième fois et pour longtemps, eux qui ont failli dans leur mission », souligne le docteur Hitache, qui affirme avoir reçu le calendrier électoral grâce à des amis à Alger. L'enjeu de ces élections diffère d'un groupe à un autre selon qu'on s'attache à un certain type de privilèges ou qu'on souscrit réellement aux principes d'éthique et de l'honneur de la profession. Il est d'autant plus important, cet enjeu, du fait de la particularité de ces élections qui concerneront exceptionnellement l'ensemble des sièges à pourvoir et non pas la moitié pour des mandats de quatre années au lieu de deux. Même si les médecins auront la chance de recevoir aujourd'hui leur courrier, il sera trop tard pour la majorité d'accomplir le nécessaire et jouir des droits électoraux. Voilà donc ces élections parasitées par des pratiques qui ressemblent à celles chères au « parti né avec des moustaches ». Il appartient pourtant aux membres de la corporation de réagir au plus vite et de reprendre leur conseil avant qu'il ne soit trop tard. Le scandale de la circoncision qui a éclaboussé la wilaya et les erreurs médicales à répétition sont de trop et c'est aux médecins de remettre un peu d'ordre dans le désordre qui prend racine.