Le documentaire du cinéaste algérien Hamid Benemra Bouts de vie, bouts de rêve est présent au 23e Festival panafricain de cinéma et de télévision. Il est en compétition officielle, le seul à représenter l'Algérie dans la section documentaire. Hamid Benemra a réalisé plusieurs courts et moyens métrages comme Pour une vie meilleure, Gros plan, Emiko... Chair amour est une nouvelle fiction de 70 minutes qui sortira cette année. Hamid Benemra est réalisateur de clips également. -Bouts de vie, bouts de rêves est d'abord l'histoire d'un artiste... Absolument ! c'est l'histoire d'un artiste algérien qui s'appelle Mustapha Boutadjine. C'est lui qui a fait la conception du logo de Naftal. Un logo qu'on voit dans les stations-service. C'est un artiste qui a introduit le design en Algérie. Il a enseigné pendant quinze ans à l'Ecole des beaux-arts à Alger. Il fait des portraits à partir de bouts de magazines qu'il déchire et qu'il recolle. Il détourne donc un objet de sa fonction. Comment fait-on pour détourner l'opulence de la bourgeoisie vers un produit engagé ? C'est le fil conducteur du film. Cela ressemble à un portrait que je fais sur Mustapha Boutadjine. Comme lui fait déjà des portraits sur des figures connues de la guerre de Libération nationale. C'est le portrait du portrait donc. Il m'a montré le portrait d'Abraham Serfaty (opposant marocain décédé en 2010, ndlr), je me suis rappelé que j'avais filmé Abraham Serfaty en 1992. J'utilise donc mes propres archives pour nourrir son propos. Il y a une trentaine de personnalités différentes importantes dans l'histoire. L'idée est de mettre en valeur ce qui est donné, pas le geste de donner lui-même. C'est un film indésirable en Occident. Aucun festival en Occident n'a accepté de programmer ce film. Je ne sais pas pourquoi ! Je sais une chose : je ne dis pas du mal de l'Islam, je ne dis pas du mal de l'Algérie, je n'évoque pas les barbus et les repentis. Je parle de l'amour, de la révolution, de gens importants qui ont marqué l'histoire de l'Algérie. La première fois que le film a été vu, c'était à Alger (le film a été projeté aux Journées cinématographiques d'Alger, ndlr). Le film a eu le prix du public. C'est la meilleure reconnaissance. Il a été ensuite projeté à Mostaganem et inscrit en compétition officielle à Carthage (Tunisie). Le film a été vu et apprécié. Et il est en compétition officielle au Fespcao. Les nôtres, je ne sais pas ce qu'ils font. J'attends qu'on m'appelle pour que Bouts de vies, bouts de rêves fasse le tour des salles en Algérie. Pour les miens, je suis disponible tout le temps. Je ne proteste pas, je fais un constat. -Et quand vous dites «je ne dis pas de mal de l'Islam ou de l'Algérie», cela veut dire quoi au juste ? Pour être à la Une des festivals et des télévisions en Occident, il faut se prostituer ! Il faut dire et montrer ce que l'Occident veut qu'on dise et qu'on montre. Moi, je ne suis pas un cinéaste qui se prostitue. Même si l'Algérie ne m'a rien donné pour mon cinéma, c'est un pays qui m'appartient. Je le revendique et je le porte. Je hisse le drapeau du patriotisme sans verser dans le chauvinisme. -Et que dire des cinéastes algériens qui sont présents dans les festivals en Occident ? Je ne peux parler que de mon cinéma. Je ne suis pas le porte-parole de qui que ce soit. Je suis désolé. -Bouts de vies, bouts de rêve est donc un film 100% Hamid Benemra... C'est simple. C'est un film qui n'a bénéficié d'aucun centime ni de l'Algérie, ni de la France, ni d'Israël. C'est un film réalisé par mes propres moyens. Je suis un Rmiste (en France, ndlr), je touche 400 euros par mois. Mais, lorsqu'on maîtrise son outil, on peut faire beaucoup de choses. Bouts de vies, bouts de rêves est fait avec une caméra et du talent. Pour plus d'information : http://www.nunfilm.com/filmographie- hamid-benamra-realisateur- photographe-acteur.htm