Le parti El Karama, agréé récemment, vit d'ores et déjà une crise interne. Il y a quelques jours, le conseil national de cette formation a décidé de retirer sa confiance au président du parti, Mohamed Benhamou, et a désigné un secrétaire général comme président par intérim jusqu'au prochain congrès du parti. Seulement, M. Benhamou a précédé ses adversaires en organisant un congrès le plébiscitant nouveau président du parti. Fait qui a irrité ses opposants. Hier, ces derniers ont animé une conférence de presse dans laquelle ils interpellent et attirent l'attention du ministère de l'Intérieur sur l'illégitimité du congrès tenu par M. Benhamou. Un recours a été déposé auprès des services du ministère de l'Intérieur par les membres du conseil national pour dénoncer ce congrès «infondé» dont le quorum n'était pas atteint. «M. Benhamou a organisé, les 22 et 23 février à Ouargla, un congrès sans y associer des membres du conseil national. Sur les 63 membres du conseil national, 10 seulement étaient présents alors que sur les 12 membres du bureau, seuls 4 ont participé à ce congrès qui n'est en conformité ni avec les lois sur les partis ni avec les statuts de la formation», a expliqué, hier, Ayman Harkati, secrétaire général et président par intérim d'El Karama. Ce dernier s'interroge sur l'utilité de recourir à un congrès sans la participation de l'ensemble des militants. «Lorsqu'un président d'un parti est contesté par 80% des militants, celui-ci devrait se conformer à la majorité et partir. M. Benhamou a, quant à lui, opéré autrement», déplore-t-il. Selon M. Harkati, la base reproche à M. Benhamou son autoritarisme et ses prises de décisions unilatérales sans se référer au conseil national. Celui-ci est accusé également d'avoir empêché, depuis l'agrément du parti en février 2012, la tenue de sessions ordinaires, excluant ainsi tout débat à l'intérieur des instances élues du parti. Abordant l'actualité politique qui prévaut dans le pays, le conférencier a évoqué le projet de révision de la Constitution. Le parti El Karama, explique-t-il, a pris attache avec quatre partis politiques, dont deux sont au gouvernement, pour l'organisation d'un débat national autour du projet de révision de la Constitution. Pourquoi une telle initiative ? De l'avis de M. Harkati, les partis politiques doivent s'entendre sur un maximum de propositions, et ce, dans l'intérêt du pays. «Concernant le projet de révision de la Constitution, les partis politiques ne se positionnent pas comme étant des concurrents ; tous s'accordent à dire qu'il faut un consensus notamment autour de certaines questions et ce, dans le but de faire passer plusieurs revendications», note l'orateur estimant que plusieurs partenaires politiques adhèrent à cette réflexion. Cependant, le président par intérim a refusé d'identifier les partis ayant donné leur accord à cette démarche, arguant qu'au moment opportun, ils annonceront d'un commun accord le lancement de cette concertation. El Karama espère avoir l'adhésion d'un nombre important de formations politiques ; dans ce sens, il a prévu de se réunir cette semaine avec quatre autres partis politiques afin de les sensibiliser à ce projet et, ensemble, ils formuleront des propositions qu'ils remettront au président de la République.