De 2003 à ce jour, le montant global injecté par Sonatrach à titre d'investissement au profit du complexe pétrochimique de Skikda CP1K s'élève à 100 millions d'euros et 850 millions de dinars. Après cet effort considérable, voilà que Sonatrach décide, contre toute attente, de démonter le complexe et de redéployer le personnel vers d'autres unités de production du pôle hydrocarbures de Skikda.» C'est en ces termes que Fares Meksen, secrétaire général de la section syndicale du CP1K, a introduit un long débat tenu dans nos bureaux en présence de syndicalistes, de cadres et de quelques travailleurs du complexe. En d'autres termes, le complexe pétrochimique de Skikda, CP1K, entré en service en 1978, est appelé finalement à disparaître. Le processus enclenché ces derniers temps par la société mère, Sonatrach, ne laisse aucune équivoque, selon les syndicalistes. «En septembre 2012, Sonatrach a procédé à la constitution d'une commission de démantèlement. Le 9 février dernier, le PDG, M. Zerguine, a signé le nouvel organigramme du groupe pétrochimie dans lequel le redéploiement de 785 employés du CP1K est clairement stipulé», explique M. Meksen. Les syndicalistes vont jusqu'à qualifier cette décision de «non-sens». «Nous ne comprenons pas qu'on décide de démonter des équipements tout neufs et de nouvelles installations qui n'ont même pas été réceptionnées», a affirmé un syndicaliste, en nous remettant un rapport relatif à l'état actuel du complexe et aux multiples investissements consentis ces dernières années. «En 2010, Sonatrach a déboursé 17 millions d'euros et plus de 400 millions de dinars pour réhabiliter cinq fours de l'unité d'éthylène. Entre 2007 et 2010, on a déboursé plus de 5 millions d'euros et une vingtaine de millions de dinars pour l'acquisition d'un turbogénérateur de 18,6 mégawatts non encore mis en service pour des considérations techniques. En 2008, on a contracté un prêt de 5 millions de dollars auprès de la Banque mondiale pour changer le process de l'unité chlore-soude afin de bannir l'utilisation du mercure. En tout, nous avons comptabilisé 22 investissements de 2010 à ce jour», explique un cadre du CP1K. Il est vite relayé par un syndicaliste qui ajoute que l'unité chlore-soude, à titre d'exemple, est «presque neuve car elle a été totalement rénovée entre 2005 et 2008. Pourquoi la démonter du moment que sa production reste très demandée sur le marché local ?» Pour le responsable de la section syndicale, le CP1K est encore en mesure de produire et de garder son personnel moyennant quelques réhabilitations sur certaines unités. «Nous nous référons à l'expertise réalisée en 2011 par Daelim, une firme sud-coréenne, suite à l'incendie qui avait touché le 17 mars 2010 l'unité d'éthylène. Daelim a conclu que cette unité, comme celle du polyéthylène, pouvaient bien être remises en service en procédant à une mise à niveau de quelques considérations relatives à l'aspect sécuritaire et à la performance. Malheureusement, rien n'a été fait depuis 2010», a-t-il relevé. Il conclut que la section syndicale, appuyée par l'union de wilaya, l'union nationale et la Fédération de la pétrochimie poursuivra sa lutte «non pas seulement pour l'intérêt des travailleurs, mais aussi pour l'intérêt de notre patrimoine de production».