En dépassant pour la première fois, jeudi dernier, la barre des 70 dollars le baril, le pétrole brut de qualité brent de la mer du Nord vient de battre son record historique. Le Light Sweet Crude avait battu ce record le 30 août 2005 sur le marché new-yorkais, avec 70,85 dollars le baril. C'est dans la journée du jeudi 13 avril vers 16h 45 GMT que le baril de brent de la mer du Nord pour livraison en juin a atteint 70,20 dollars, un nouveau record. Le brent a ensuite clôturé à 70,57 dollars après avoir atteint en séance le seuil de 70,72 dollars le baril. Alors qu'au même moment le Light Sweet Crude était coté à New York à 69,32 dollars le baril. Le fait que le Brent franchisse le seuil psychologique des 70 dollars au même titre que le Light Sweet Crude à New York est significatif de la tendance haussière du marché du pétrole. Les observateurs ont noté que ce record a coïncidé avec l'annonce par l'Iran de son refus de suspendre l'enrichissement de l'uranium comme le lui demandent les pays occidentaux. La hausse est survenue aussi au lendemain de la publication des chiffres hebdomadaires des stocks américains qui ont fait état d'une baisse des stocks d'essence de près de 3,9 millions de barils, soit deux plus que les prévisions établies par des analystes. L'aiguisement du différend entre l'Iran et les pays occidentaux à travers la menace des Etats-Unis d'imposer des sanctions économiques à l'Iran et aussi d'utiliser la force en faisant voter une résolution au Conseil de sécurité a fait entrevoir une crise sérieuse avec un pays grand producteur de pétrole, le quatrième avec environ 4,2 millions de barils par jour. L'hypothèse d'une interruption de ses exportations n'est pas exclue par les observateurs. De plus le détroit d'Ormuz est considéré comme un couloir important pour le passage des pétroliers en provenance du Golfe. Et en cas de conflit des actes de sabotage pourraient provoquer des pénuries difficiles à surmonter pour certains pays trop dépendants du pétrole en provenance de cette région. Il y a quelques semaines, l'Agence internationale de l'énergie avait déjà essayé de rassurer les marchés en annonçant qu'elle pourrait grâce aux réserves stratégiques de ses pays membres compenser durant plusieurs mois une éventuelle interruption des exportations iraniennes. Mardi, l'Agence internationale de l'énergie a indiqué qu'elle ne s'attendait pas à une résolution rapide du conflit entre l'Iran et les pays occidentaux et des troubles qui gênent la production au Nigeria. Le Nigeria est un pays exportateur important de pétrole brut au monde et son pétrole de qualité légère est très prisé par les raffineurs aux Etats-Unis. Actuellement les exportations nigérianes seraient amputées de près de plus de 500 000 barils par jour à cause des troubles et des actes de sabotage sur les installations pétrolières. La crainte d'une pénurie d'essence aux Etats-Unis est amplement justifiée à l'approche de la saison des départs en vacances qui commence au mois de mai et qui se traduit généralement par une très forte consommation de carburant de la part des Américains. Mercredi passé, le département américain de l'énergie a fait état d'une baisse des stocks d'essence de 3,9 millions de barils alors que les analystes avaient tablé sur une baisse de deux millions de barils environ. La baisse des stocks d'essence est régulière depuis un mois. Ce qui veut dire que les raffineries n'arrivent pas à compenser. Les stocks des produits distillés ont aussi baissé de 4,2 millions de barils alors que les analystes avaient tablé sur une baisse de 1,5 million de barils. Par contre les stocks de pétrole brut ont encore augmenté. Pour la semaine, elles ont connu une hausse de 3,2 millions de barils, enregistrant le plus haut niveau depuis 1998 sans toutefois influer sur les prix. Le marché est guidé par trois facteurs, le conflit du nucléaire entre l'Iran et les Occidentaux, les pertes de production au Nigeria et la baisse des stocks d'essence aux Etats-Unis, le plus grand consommateur de pétrole au monde. En plus de cette baisse des stocks, le passage à de nouvelles normes environnementales en matière de fabrication du carburant pourrait encore faire chauffer le marché. Dans quelques semaines les raffineries doivent remplacer comme additif à l'essence, l'éther de méthyle et de butyle tertiaire (MTBE) par de l'éthanol. Un processus qui pourrait engendrer des goulots d'étranglement avec des répercussions sur le marché de l'essence. Vendredi, les marchés de New York et Londres étaient fermés pour le long week-end du vendredi saint. Le light Sweet Crude avait clôturé à 69,32 dollars le baril jeudi passé. Tandis que le brent avait terminé la semaine jeudi à 70,57 dollars le baril.