Outre le côté «folklorique» qui caractérise généralement le 8 mars à Oran, une iniative, pour le moins originale, a été concoctée pour célébrer cette fête comme il se doit. Il s'était agi d'une randonnée pédestre qui avait pour thématique «Sur les traces des femmes célèbres de l'Oran patrimoniale». Co-organisée par l'association Bel Horizon, Fard (Femmes algériennes revendiquant leurs droits) et l'Institut Cervantès, cette randonnée pédestre a drainé bon nombre de personnes qui se sont rassemblées, dès 10 h du matin, à la place du 1er Novembre. La visite a ainsi débuté par les représentations statuaires, notamment celles se trouvant à la place du 1er Novembre : l'obélisque se trouvant au cœur de cette place, celui représentant actuellement l'Emir Abdelkader, mais où est érigée, sur sa cime, la statue de «la victoire ailée». Par la suite, la balade thématique s'est poursuivie à travers quelques repères féminins. L'itinéraire de cette randonnée a été ponctué par maintes haltes, durant lesquelles ont été improvisées des petites leçons d'histoire. C'est avec surprise que beaucoup ont découvert à quel point les femmes ont joué un rôle prépondérant dans l'Oran de jadis. Tout d'abord, il y a Aziza, la femme de Tachefin, le dernier prince almoravide. L'histoire de cette femme est mise en exergue dans «Histoire des Berbères», le livre d'Ibn Khaldoun. Repères féminins Comme autre femme ayant donné son nom à un lieu oranais, il y a Juanna la Locca (Jeanne la folle). Elle a visité Oran alors qu'elle était reine d'Espagne, pour se soigner d'une maladie de la peau, et cela, grâce aux eaux spéciales des «bains de la reine» (hammam Dadayoub). Elle a été reine de Castille (1504-1555), avant d'être reine d'Aragon (1516-1555). C'est à elle qu'on doit l'unification de toutes les «Espagnes» à partir de 1516. Le cinéaste Vicente Aranda a retracé sa vie en 2001 par un film biographique dont le titre est : «Juana la Locca» (disponible au niveau de la vidéothèque de l'Institut Cervantès). Les randonneurs ont par la suite poursuivi leur petit bonhomme de chemin vers le Palais du Bey, où le président de l'association Bel Horizon, Kouider Métaï, a parlé de Badra l'Ottomane, la femme du dernier Bey d'Oran, le bey Hassan. Ce dernier était, assure-t-on, un personnage belliqueux, cruel et injuste. A titre illustratif, c'est lui qui avait livré la ville d'Oran aux mains des ennemis avant de «se faire la malle» à la Mecque. Sa femme, en revanche, Badra, était une femme d'une exceptionnelle bravoure. Par la suite, ce fut au tour de Halima Ziani Benyoucef, plus connue sous le nom de Caïda H'lima, d'être mise en relief. La particularité de cette femme est d'être enterrée, chose rare, dans l'enceinte de la mosquée Benkabou (se trouvant à M'din J'dida). Sa demeure, de style néo-mauresque, se trouve à la rue Mac Mahon, rue qu'on a par la suite baptisée au nom de sa fille : Setti ould Cadi. Par ailleurs, ce circuit, dont sa fin a buté à la promenade de Létang, a aussi été marqué par la lecture de quelques poèmes ayant trait à la femme et à la ville d'Oran. D'un autre côté, une pensée émue a été dédiée aux femmes martyres de la révolution algérienne, et dont, pour certaines, quelques rues d'Oran portent leurs noms. Les sœurs Benslimane, à titre d'exemple : Houaria qui est née en 1938 et morte au combat en 1957, dans l'actuel quartier «Haï El Badr», ainsi que sa sœur Nacéra, née en 1937 et morte au maquis en 1961. On peut compter encore Soufi Zoubida, également morte au maquis en 1961. «Ce sont là des histoires de femmes hors du commun, où le sang se mêle à l'amour, où la beauté altière n'a d'égale que le courage et que la mémoire collective a oubliées, laissant le temps et les vents de la mer balayer et emporter ces empreintes du passé», nous diront les organisateurs de cette iniative salutaire.