Le centre culturel Hami Arezki (commune Tifra) a abrité une conférence-débat autour de la vie et de l'œuvre de Mouloud Mammeri. Organisée sur initiative de la section locale du RCD, cette rencontre s'inscrit, selon les organisateurs, dans le cadre de la commémoration de l'anniversaire de la disparition de Da Lmouloud survenue le 26 février 1989. Djamel Arezki, écrivain et inspecteur de langue amazighe, axera son allocution sur l'œuvre romanesque de Mammeri. «La Colline oubliée, Le Sommeil du juste, L'Opium et le Bâton, La Traversée, les quatre romans écrits par Mammeri, en plus de constituer de grands témoins des époques qu'ils décrivent, expriment de façon éloquente les déceptions, les échecs, les traumatismes et les désenchantements d'une jeunesse aux prises avec l'acculturation et le conflit de générations et de civilisations» dira-t-il. Et d'ajouter : «Les héros mammeriens, de Mokrane de La Colline oubliée à Mourad de La Traversée en passant par Arezki du Sommeil du juste et Bachir de l'Opium et le Bâton, ont tous des itinéraires singuliers et tragiques». Pour le conférencier, l'œuvre romanesque de Mammeri, même si elle n'est pas abondante, est une peinture très parlante de la société kabyle et des bouleversements sociohistoriques qu'elle a connus depuis les années quarante. Yahia Bellil, auteur et inspecteur de langue amazighe, parlera quant à lui de l'œuvre linguistique et ethnographique de Mammeri. «C'est Mammeri qui a donné les véritables bases à la grammaire berbère, il peut être considéré malgré qu'il y ait avant lui des tentatives de fixation de la grammaire berbère, comme le véritable père de la linguistique berbère» soulignera-t-il. «Ces œuvres ethnographiques sont d'une importance primordiale. Il a sauvé de l'oubli de très grands pans de notre production orale, et c'est lui qui a ouvert la voie à beaucoup de travaux ultérieurs dans ce domaine» continuera-t-il. Sur un autre chapitre, Sadou Smail et Moussouni Mohamed, enseignants et licenciés en Tamazight, parleront de la précieuse contribution de Mammeri au succès du combat identitaire. Ils feront, à l'occasion, lecture de l'article orienté et sectaire sous le titre «les donneurs de leçons» publié en page culturelle d'El Moudjahid, le 20 mars 1980. À noter qu'en fin de conférence, Yahia Bellil et Arezki Djamel ont dédicacé quelques exemplaires de leur ouvrage paru aux Editions Tira Mohand Saïd Amlikech (1812-1877) poète et résistant.