L'enlèvement et l'assassinat à la nouvelle ville Ali Mendjeli (à 22 km de Constantine) des deux petits garçons, Haroun-Zakaria Boudaïra et Brahim Hachiche, âgés respectivement de 9 et 10 ans. Outre l'indignation et la consternation qu'ils ont suscitées au sein de la population, ne cessent de soulever des questionnements et d'alimenter les rumeurs les plus terribles, allant à contresens de ce qui a été officiellement déclaré, notamment par le procureur général près la cour de Constantine, Mohamed Abdelli, mercredi dernier, lors de la conférence de presse qu'il a animée à la cour. Des rumeurs qui ne se tairont qu'à l'éclatement de toute la vérité. Une source fiable nous a révélé à ce propos que l'un des deux suspects arrêtés, celui âgé de 38 ans, est un récidiviste ayant des antécédents judiciaires. Ce crime inqualifiable a généré une peur d'un autre genre au sein de toute la population, non seulement à la nouvelle ville Ali Mendjeli, mais aussi à Constantine. Partout, on ne parle que de cette affaire abjecte. Marche pacifique des lycéens Avant-hier, il y avait une foule de parents d'élèves devant plusieurs établissements scolaires des trois paliers, attendant de récupérer leurs enfants, dont l'accompagnement se fait maintenant de manière systématique. «Un acte aussi monstrueux qui frappe l'innocence de plein fouet ne doit pas être banalisé ; ce n'est pas n'importe quel dossier qu'on expédie à la hâte. J'ai demandé à mes deux enfants, âgés de 8 et 13 ans, de ne plus sortir de l'école et du collège avant mon arrivée sous aucun prétexte», nous confie un parent. «Comment être tranquille quand on constate que l'enlèvement d'un enfant est un acte très facile, tout compte fait, et qu'il n'y a pas de mécanismes élaborés pour lutter efficacement contre ce fléau qui a tendance à prendre de l'ampleur dans notre pays ?», renchérit un autre. Quoi qu'il en soit, l'on peut observer de nouveaux réflexes et des attitudes hyper-protectrices des parents vis-à-vis de leurs enfants. L'environnement immédiat des cités-dortoirs est à présent déserté par les tout jeunes enfants, avons-nous constaté. Jeudi, étudiants et lycéens ont organisé une marche pacifique de plus de deux heures pour dénoncer ce crime et soutenir les familles dans cette terrible épreuve. Des groupes de jeunes ont, par ailleurs, placardé, le même jour un peu partout dans la ville de Constantine, les photos des deux suspects, dont personne n'est en mesure, pour l'heure, d'en déterminer l'origine avec exactitude. Certains affirment que c'est le fait de personnes très proches du dossier. Des milliers de tracts avec les photos des deux victimes ont été également distribués hier matin par des jeunes, à bord de véhicules qui ont sillonné, jusqu'à l'heure de la prière du vendredi, les deux villes, Constantine et Ali Mendjeli, appelant «tout le peuple algérien à observer une journée de deuil et de protestation pacifique, avec une interruption effective de toutes les activités, demain, pour dénoncer ce crime infâme». Les tracts demandent même «l'application de la peine de mort» aux auteurs du double crime. C'est dire combien la rue a été bouleversée et remuée.