L'Algérie était judicieusement présente à la 11e édition de cette rencontre. Dénoncer les violations des droits humains, sans parti pris ni complaisance, et rendre hommage à toutes les formes de dissidences à l'injustice, tel est le pari que s'est lancé le Festival du film et forum international sur les droits humains (FIFDH) qui s'est tenu, pour sa onzième édition, à Genève, du 3 au 10 mars derniers. Il est assez rare que les rencontres d'échanges s'accompagnent d'une manifestation culturelle et c'est, sans doute, une des particularités de ce rendez-vous qui relie un volet conférences et débats à un volet cinéma, les deux étant conçus dans une complémentarité permanente qui fonctionne très bien. Le Fifdh, qui a la particularité de mettre le cinéma au service des droits de l'homme, présente aussi bien des fictions que des documentaires, et articule sa programmation autour du concept : «un sujet, un film, un débat». Cette année, le choix des programmateurs a porté sur plusieurs thèmes : la question palestinienne, la souffrance du peuple syrien, la démocratie en Russie et la lutte contre les violences sexuelles. Parmi les convives du festival chargés d'animer les débats, citons à titre d'exemple, Leila Shahid, déléguée générale de Palestine auprès de l'Union Européenne, Simar Saman, ancienne ministre afghane de la condition féminine et, enfin, Carla de Ponte, magistrate suisse, membre de la commission d'enquête de l'ONU sur la Syrie. Une sélection qui souligne le niveau des débats. Pour ce qui est du septième art, une programmation riche et diversifiée a permis de découvrir des films d'horizons divers, parmi lesquels la verve algérienne s'est illustrée de plusieurs manières. Ainsi, le public genevois a pu voir Le Repenti, la dernière fiction de Merzak Allouache (2012) qui relate les péripéties d'un jeune Algérien qui fait le choix, après quelques années passées au maquis, de la concorde civile et de la réinsertion sociale. Ce long métrage, rappelons-le, avait été sélectionné en compétition officielle dans la Quinzaine des Réalisateurs du 65e Festival de Cannes. Pour illustrer la quête de liberté et des droits de la gent féminine, un sujet longuement et plusieurs fois abordé au cours de ce festival, Rachid Bouchareb a fait vivre à travers son film, Just like a woman (2012), l'émancipation de Mouna (interprétée par l'actrice iranienne Golshifteh Farahani), une jeune immigrée malmenée par sa belle-mère. Dans un autre registre, mais toujours en relation avec l'Algérie, il y a eu L'Attentat (2012), adaptation cinématographique par le réalisateur libanais, Ziad Doueri, du roman éponyme du romancier algérien Yasmina Khadra. Une histoire qui tente d'explorer les motifs poussant au terrorisme. Ainsi, de maintes façons, et d'abord par le biais de l'écran, l'expérience historique récente de l'Algérie a permis d'éclairer des aspects actuels du monde.