«Elle devait se rendre mardi à Hollywood pour examiner cette proposition lorsque les organes compétents lui ont signifié l'ordre d'interdiction de quitter le territoire!» «Les droits des femmes sont aussi importants parce qu'ils sont un indicateur de la situation des droits humains dans un pays. La démocratie et les droits des femmes sont les deux faces d'une même médaille», a souligné Shirin Ebadi. Et d'ajouter qu'«en effet, est-il possible de penser à un pays démocratique qui viole les droits des femmes»? Telle est la situation de cette jeune actrice iranienne, Golshifteh Farahani, qui a été empêchée de quitter l'Iran pour se rendre aux Etats-Unis où elle devait examiner une nouvelle proposition pour jouer dans un film hollywoodien, a rapporté mercredi l'agence officielle Irna. Après avoir joué dans un film hollywoodien, Golshifteh Farahani a été interdite de quitter l'Iran mardi, affirme Irna. Elle a joué dans le film américain Body of Lies de Ridley Scott en compagnie de l'acteur américain Leonardo DiCaprio, qui doit sortir en octobre prochain. «Golshifteh Farahani, (...) après avoir joué dans le film Body of Lies avec les acteurs Leonardo DiCaprio et Russell Crowe, a reçu une nouvelle proposition pour jouer dans un autre film hollywoodien, affirme Irna, citant une source bien informée. Elle devait se rendre mardi à Hollywood pour examiner cette proposition lorsque les organes compétents lui ont signifié l'ordre d'interdiction de quitter le territoire, ajoute Irna. L'agence officielle iranienne affirme que les acteurs et actrices du pays doivent obtenir l'autorisation du ministère de la Culture pour pouvoir jouer dans un film étranger. Agée de 25 ans, Golshifteh Farahani a joué dans plusieurs films iraniens ayant remporté un important succès auprès du public, dont Santouri, qui raconte la vie d'un jeune couple, où le mari musicien devient toxicomane. Ce film a été critiqué par les journaux conservateurs, notamment pour avoir montré une image noire de la société iranienne et du problème de la drogue qui touche quelque deux millions de personnes. Elle a aussi joué dans le film Niwemang (demi lune) du célèbre metteur en scène kurde iranien Bahman Ghobadi, qui a remporté en 2006 le prix de la Coquille d'or du Festival de Saint-Sébastien (Espagne). Le site Internet conservateur Tabnak a critiqué, il y a deux jours, Golshifteh Farahani pour avoir joué dans Body of Lies et demandé pourquoi les autorités n'avaient pas pris de mesures. «Chaque fois que les femmes protestent et exigent le respect de leurs droits, elles sont réduites au silence sous prétexte que les lois répressives sont conformes aux préceptes de l'Islam. Or, cet argument n'a aucun fondement. Ce n'est pas la religion qui est à blâmer, mais plutôt la culture patriarcale qui impose ses propres interprétations afin de justifier tout ce qu'elle veut», a accentué Shirin Ebadi, avocate iranienne et lauréate du prix Nobel de la paix 2003.