Le casse-tête auquel fait face aujourd'hui Yazid Zerhouni, ministre de l'Intérieur, est de parvenir à doter les collectivités locales assez suffisamment en personnel qualifié. Selon une source proche de ce département, plusieurs rapports élaborés, ces derniers mois, mettent l'accent sur le manque de personnel dont souffrent notamment les communes, mais il n'est pas question de recruter, alors que deux tiers des communes étaient durant des années financièrement déficitaires. Cela amène à réfléchir sur une éventuelle réaffectation d'un certain nombre de fonctionnaires de l'administration centrale vers les structures de l'administration locale. « Sans un meilleur encadrement local que celui qui a prévalu jusque-là, il est très difficile d'arriver aux objectifs poursuivis par le biais du Plan de soutien à la relance économique (PSRE), des plans sectoriels ou des Plans communaux de développement (PCD) », précise notre source. La problématique de « l'encadrement revient avec force, ajoute-t-on, alors que deux dossiers importants reçoivent actuellement l'attention particulière du ministre de l'Intérieu ». Le premier concerne les nouveaux codes communal et de wilaya. Quant au second, il a trait à une proposition d'un nouveau découpage territorial dont plusieurs variantes y figurent. Or, pour réussir une telle réorganisation, indique-t-on, « il faut absolument des personnels, administratifs et techniques, qui sachent piloter non seulement les projets initiés, mais assurent aux entités locales un fonctionnement qui répond aux recommandations du rapport de Missoum Sbih » sur la réforme des structures et missions de l'Etat. Pas plus tard qu'avant hier, Yazid Zerhouni, de Djelfa, effleurait à peine cette problématique en avouant que « les moyens financiers et matériels ne peuvent a eux seuls réaliser le développement global ». Lui qui, fin 2002, avait lancé une opération de recrutement de 1500 ingénieurs au profit de certaines daïras et communes qui en manquaient. Il faut savoir que sur les 1 541 communes que compte le pays, peu d'entre elles répondent aux normes d'encadrement exigées par les textes en vigueur. A cela s'ajoute le fait que la majorité écrasante des fonctionnaires qui travaillent au niveau local ont peu de qualification. Plusieurs causes en sont à l'origine de cette situation. Les Centres de formation administrative (CFA) ont disparu, l'Ecole nationale d'administration (ENA) ne peut assurer que ceux qu'elle forme iront nécessairement vers les collectivités locales et un certain nombre de fonctionnaires expérimentés partent graduellement en retraite. Pourtant, le code communal consacre que « la commune est la cellule de base de l'Etat ». Un Etat qui ne peut être réhabilité que par la mise à niveau de son administration locale à l'instar de ce qui se fait pour les entreprises économiques. Cette question a d'ailleurs été évoquée en février 2002 par une délégation de l'Union européenne en séjour à Alger et, presque en même temps, par la représentation de l'ONU en Algérie. Ces deux partenaires avaient exprimé leur disposition à apporter une contribution dans ce domaine. Lorsque Zerhouni, toujours de Djelfa, déclare que « les citoyens doivent, en collaboration avec les assemblées élues, proposer des projets afin de faciliter le travail du gouvernement dans le soutien du processus de développement », il ne peut oublier qu'il faut pallier dès maintenant le déficit en encadrement local.