L. B. âgé de 52 ans, agriculteur de vocation, possédant une ferme dans les hauts plateaux de Djelfa, conquis par le désir de s'enrichir plus, coûte que coûte, ne trouva pas mieux que de recourir aux miracles d'un sorcier. Sa mésaventure commença lorsque son contremaître lui fit les éloges d'une personne vivant à Adrar et qui posséderait des pouvoirs surhumains à même de trouver des trésors enfouis dans le sol, et que ce taleb était un maître des djinns. Deux jours plus tard, L. B. était face à son enrichisseur. Le taleb fit entrer sa victime dans une pièce très peu éclairée, empestant encens et parfums, lui montra un coffre renfermant un trésor pesant 30 quintaux de bijoux et de louis d'or, et lui proposa le transfert de ce trésor vers sa ferme à Djelfa par la voie des djinns contre une somme de 200 millions de centimes que L. B. acceptât. Quelques jours passèrent, L. B. ne voyant pas son trésor venir, retourne sur Adrar pour s'enquérir de la situation. Le taleb lui expliqua que pour le transfert, il manquait un ingrédient utilisé par les djinns lequel, malheureusement, était introuvable en Algérie, donc qu'il fallait l'importer de l'étranger. Et c'est là où les deux associés sont entrés en action. Il leur fallait encore 250 millions de centimes pour l'achat de cette potion magique. Devant ce fait, L. B. donna son accord pour la rallonge financière. puis le fameux produit arriva enfin, mais un autre problème surgit : la matière n'est pas très efficace car elle vient de Turquie et qu'il serait impossible pour les djinns d'effectuer leur opération. Donc obligation pour les démarcheurs de voir ailleurs, avec un rajout de 150 millions. Une fois toutes les conditions réunies, ne restait que l'opération de transfert, mais le voyage a aussi son prix, soit 200 millions de centimes. A Djelfa, le taleb exigea 5 fûts de 200 litres chacun sans leurs couvercles, déposés dans une pièce isolée disposant d'une serrure. Une fois seul dans cette pièce, le taleb a déversé les soit-disant 30 quintaux de trésor. Puis, il fit appel à L. B. pour contrôler son butin, en lui conseillant de ne pas ouvrir avant d'avoir encore payé les droits du teslim (droits de la transaction et la zakate) exigés par les djinns et fixés à 50 millions de centimes et attendre l'accord de ces derniers pour pouvoir ouvrir la pièce et enfin profiter du magot. En refaisant les comptes, L. B. a déboursé 850 064 100 DA pour avoir son trésor. Agissant sur informations, les services de la police judiciaire d'Adrar ont d'abord procédé à une perquisition au domicile du taleb sorcier, où ils ont trouvé des plaques en métal doré ainsi que plusieurs pièces de louis d'or en chocolat où il est inscrit « Gold », une grande quantité de chapelets et tout un arsenal de sorcellerie. L. B. a été convoqué à Adrar par la police où il a été invité à déposer plainte contre cet escroc. Ledit taleb a été entendu lundi dernier par le procureur du tribunal d'Adrar et placé sous mandat de dépôt ainsi que ses acolytes pour escroquerie et abus de confiance. Cependant, au moment où nous rédigeons cet article, L. B. n'a pas encore ouvert la chambre où se trouve le fameux trésor dans les fûts à Djelfa, il attend encore l'accord des djinns.