Le directeur du bimensuel El Waha, M. Nedjar, a écopé, avant-hier, d'une peine de six mois de prison ferme infligée par la cour de Ghardaïa suite à une plainte déposée par le directeur général de la Protection civile, le colonel Lehbiri. Ce verdict intervient après le non-lieu prononcé, il y a un mois, par le tribunal de Ghardaïa en faveur de M. Nedjar. Ainsi, le directeur d'El Waha, joint hier par téléphone, n'arrive pas à saisir le fossé qui sépare les décisions de ces deux instances judiciaires. Aussitôt, après la sentence de la cour de Ghardaïa, M. Nedjar a fait appel au niveau de la Cour suprême et adressé une correspondance à l'attention du ministre de la Justice, garde des Sceaux. Le directeur d'El Waha a été accusé de « diffamation » après la publication, le 24 novembre 2005, dans son journal d'un dossier intitulé « Le lobby des moulins de Ghardaïa passe de l'administration à la justice », faisant allusion au fils du DG de la Protection civile et ses compagnons (voir El Watan du 12 mars 2006). Le directeur d'El Waha, qui rejette l'accusation, a déclaré constituer son dossier de sept pages à partir du discours du président de la République prononcé à l'occasion de l'ouverture de l'année judiciaire en appelant les magistrats à faire face au fléau du trafic d'influence qui gangrène le secteur de la justice. Ainsi, M. Nedjar avait fait état de pressions et de chantage exercés par le fils du DG de la Protection civile contre le lieutenant Aboud, chef de l'unité de la Protection civile à Berriane, pour faire bloquer un projet de création des moulins dans la région. Après avoir refusé le marchandage, M. Aboud s'est vu humilié par une « visite d'inspection » effectuée par le fils du DG de la Protection civile. M. Nedjar a avoué devant la cour de Ghardaïa qu'il faisait objet de menaces de mort après avoir révélé ces pratiques. Le directeur d'El Waha a souligné que ces pressions ne se limitent pas contre M. Aboud, puisque l'ex-directeur de wilaya, M. Daoui, avait été suspendu de son poste et rétabli par la justice après trois ans de souffrances. M. Nedjar se demande, également, sur le sort réservé à la plainte de M. Aboud, déposée le 2 mai 2006, contre le fils du DG de la Protection civile et qui a été gelée.