L'indisponibilité du foncier a donné lieu à tous les dépassements, si bien que même des aires de jeux sont détournées pour servir d'assiettes à des chantiers de logements, et ce malgré l'opposition des habitants. Quatre jeunes de la cité 1276 Logements de la Plaine Ouest de Annaba ont été arrêtés et présentés hier devant le procureur de la République près le tribunal de Annaba. Ils sont accusés d'avoir empêché un entrepreneur d'installer son chantier pour entamer des travaux de construction d'un immeuble sur l'espace vert du quartier. «C'est parce que des jeunes ont défendu l'aire de jeux des enfants de la cité d'une exploitation à caractère mercantile que la police les a arrêtés. Mais où vont aller nos enfants pour jouer ? Fallait-il les laisser se déplacer vers les autres quartiers et s'exposer aux risques criminels qui ont emporté à Constantine Haroun et Brahim pour être de bons citoyens ?» s'interrogent, en colère, les jeunes de cette cité, qui étaient regroupés, hier, devant le tribunal de Annaba. D'autres, plus âgés, estiment que «la police qui a mis en branle tous les moyens pour protéger un entrepreneur ayant pignon sur rue, aurait mieux réservé son énergie pour enquêter sur les moyens ayant permis à cette entreprise privée d'acquérir cet espace vert au mépris des lois urbanistiques régissant la ville». Ce cas n'est pas isolé à Annaba. Il en est ainsi, en effet, de la promotion immobilière du député FND Bahaeddine Tliba dont les services des domaines lui ont accordé également un espace vert face au rond-point de la cité Beni M'Haffeur. Du jamais vu sauf à Annaba où l'indisponibilité du foncier a donné lieu à tous les dépassements. Telle une tempête dans un verre d'eau, les multitudes de dénonciations des habitants de cette cité n'ont abouti à rien tant et si bien que les paliers du béton ne s'arrêtent pas de gagner jour après jour de l'espace. Ainsi, en l'absence d'une société civile organisée, l'inaptocratie trouve tout son sens dans la gestion des affaires de la wilaya.