L'été 2004 a été très rentable pour les salles des fêtes. Plusieurs centaines de mariages, fiançailles, circoncisions et réussites au bac y ont été célébrés. Ceux qui n'avaient pas pris leurs dispositions pour une réservation bien avant la période estivale ont été contraints de payer le prix fort pour un quatre murs de 150 m2 de surface à toiture métallique. Variant de 20 à 70 000 la soirée, les prix ne sont pas à débattre même si les conditions d'accueil et de sécurité ne sont pas remplies. Deux imprimés spécifiant le règlement intérieur établi par le propriétaire de la salle, et sur lequel les obligations à destination de l'utilisateur sont plus nombreuses que les droits, s'apparentent à un contrat à signer par les 2 parties. Le receveur de l'APC s'invite à toutes les fêtes en imposant à tout organisateur dans une salle ou sous une tente le paiement d'une taxe d'un montant de 1500 DA. Le défaut de présentation du récépissé aux agents de l'ordre équivaut à l'arrêt de tout chant et danse. A Annaba, ce type de salles se multiplie à un rythme très accéléré. Pas un seul quartier, cité, localité, commune n'est épargné par ce qui semble être un phénomène de société. Ce dont profitent largement les gérants qui quotidiennement affichent complet. La location d'un hangar à toiture métallique sans climatiseur coûte 20 000 DA, soit 10 000 DA de moins qu'une salle censée être spécialement conçue pour ce type de regroupement. Il y a les autres salles dites de luxe dont elles n'ont que le titre. Des climatiseurs souvent en panne mais non signalée sur le contrat, des tables et des chaises brinquebalantes, un parterre aussi noir qu'une encre de Chine, une seule porte pour l'entrée ou la sortie des convives, la deuxième étant toujours hermétiquement fermée, des extincteurs le plus souvent non opérationnels, une pièce faisant office de cuisine infestée de cafards et un réservoir d'eau potable rarement entretenu, forment les moyens mis à la disposition du locataire d'une nuit. L'agrément pour l'exploitation des salles des fêtes est accordé à la en-veux-tu en-voilà. Aucune disposition tant de la circulaire n°007/01 du 8 octobre 2001 du ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales et encore moins celles mentionnées sur le projet de loi portant procédures d'exploitation des salles de fêtes, n'est respectée. Tant en matière de respect de la distance de la salle des fêtes par rapport à un établissement scolaire, cimetière, hôpital, administration publique et mosquée.Quant à l'isolation phonique, une obligation pour prétendre bénéficier de l'agrément, pas une seule salle des fêtes à Annaba ne s'y soumet. D'où les nombreuses altercations des locataires de la salle avec les riverains. « Nous ne sommes pas contre ces fêtes et ceux qui les organisent pour peu que l'on respecte la tranquillité du voisinage. Ce qui n'est malheureusement pas le cas avec ses orchestres et disque-jockeys qui déversent leurs décibels jusqu'au petit matin. D'autres noceurs n'hésitent pas à tirer des salves avec leurs armes à feu. Nous nous interrogeons si dans ce pays, il y a une loi en ce qui concerne les salles des fêtes et leur exploitation », a déclaré Mohamed Salah M. A toute cette anarchie dans la gestion des salles et l'insécurité qui y règne, s'ajoute l'absence d'hygiène particulièrement corporelle des agents désignés à la préparation et au service de la restauration. Bon nombre de ces derniers sont maladifs. D'autres présentent des symptômes d'une maladie contagieuse. Tous ces aspects sont totalement ignorés par les propriétaires ou gérants de salle. Si pour les salles à 20 et 30 000 DA, le service cuisine et restauration n'est pas compris, pour celles de 40 à 70 000 DA ce service est assuré par un cuisinier et 2 serveurs. Le premier perçoit 3000 DA, les seconds 600 DA chacun la soirée. Tous n'ont pas le droit de goûter même un morceau de pain. Sans gêne et bien qu'ils n'en aient pas le droit, les propriétaires et leur famille n'hésitent pas à se servir et à servir les proches faute de quoi, le cuisinier ne fera plus partie du personnel.