Aucun dialogue n'a été entamé avec les pouvoirs publics à ce jour, selon Tahar Belabbès. Le durcissement de notre position vient en réponse au non-sérieux de l'administration, réplique-t-il. Deux rassemblements des chômeurs sont prévus les 10 et 13 avril à Tamanrasset et à Ghardaïa. Ça bouge à Ouargla où des rumeurs concernant une éventuelle visite du chef de l'Etat ont commencé à se répandre depuis 24 heures. Mais aucune confirmation n'a filtré sur la date ou son programme. Bouteflika à Ouargla, au lendemain d'une série de rassemblements où il a été directement interpellé par des chômeurs qu'il connaît bien, s'agissant d'un groupe qui l'a reçu avec des émeutes lors de sa visite de 2004, et pour annoncer quoi ? Que d'interrogations à propos d'une visite qui intervient à un moment où l'actualité nationale est chamboulée par le mouvement des chômeurs du Sud. Entre temps, le nouveau wali de Ouargla, Ali Bouguerra, multiplie ses sorties avec un cycle de visites marathoniennes dans les dix daïras de sa wilaya, où des plans de visite très chargés cadencent des journées entières sur le terrain. Ainsi, le nouveau chef de l'Exécutif a pu toucher du doigt la réalité du «développement» dans les coins les plus reculés de la wilaya après avoir eu une idée précise du chef-lieu et des grandes agglomérations qui croulent sous les problèmes de réalisation des projets, la mauvaise programmation et la mauvaise maîtrise qui font de la vitrine de la wilaya une série de séquences de routes défoncées, désorganisées et manquant de toute esthétique ou fonctionnalité. Les premières semaines du mandat de Bouguerra, dont la feuille de route annoncée par ses soins est axée sur l'emploi et le développement accéléré, ont été ponctuées de bouillonnement de la rue, à l'instar de ses deux prédécesseurs, puisque les préparatifs puis la tenue de la marche du 14 mars se sont déroulés au lendemain de sa prise de fonctions. L'événement a focalisé l'intérêt de l'opinion publique, d'autant plus que l'administration, rappelons-le, n'a ménagé aucun effort pour son annulation. «La déstabilisation, l'opprobre, la décrédibilisation sont autant de termes que la CNDDC dénonce depuis plusieurs semaines, une campagne orchestrée et exécutée par des élus, des notables et des chômeurs mis en avant par l'administration, notamment le ministre de l'Intérieur, pour fragiliser le mouvement des chômeurs», affirme Rachid Aouine, chargé de la cellule de l'organisation et de la communication de la CNDDC qui a rendu public hier un communiqué, soulignant que «les chômeurs ont brisé le mur de la peur et du silence depuis les rassemblements pacifiques et civilisés de Ouargla, Laghouat et El Oued qui ont rendu l'espoir à la société algérienne». Le va-et-vient marque l'actualité quotidienne, des émissaires reçoivent ou vont à la rencontre des notables et quelques représentants de la société civile et pseudo-chômeurs, notamment la rencontre organisée avant-hier par la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (CNCPPDH), organisme rattaché à la présidence de la République, a nécessité une mise au point axée sur deux éléments cardinaux, à savoir que la CNDDC n'a entamé aucun dialogue avec l'administration, elle se refuse à toute tractation sous le comptoir et dénonce le chahut et les tentatives d'infiltration opérés par l'administration. Le second point concerne la poursuite de la lutte pour les acquis constitutionnels des chômeurs, à savoir le travail et la dignité. C'est ainsi qu'au lendemain de la mise en liberté des militants des droits de l'homme de la wilaya de Ghardaïa, le rassemblement de soutien prévu le 9 avril a été supplanté par une nouvelle Milionya le 13 avril, tandis que Tamanrasset va connaître son premier rassemblement, initié par la CNDDC, le 10 avril.