Des dizaines de projets PCD à la traine l Des zones d'activités et de dépôts non-viabilisées. Le développement tant promis par l'Etat tarde toujours à se concrétiser dans la wilaya de Boumerdès. Les efforts consentis par l'administration locale sont très insuffisants par rapport aux attentes des habitants de la région. Le bilan des activités de l'année 2012, examiné durant la semaine écoulée par l'APW, fait état de la réalisation de 112 projets sectoriels sur 186 prévus, dont 44 remontent aux années précédentes. La même période a été également marquée par la clôture de 209 opérations inscrites dans le cadre des programmes communaux de développement (PCD) pour un montant de plus de 1,5 milliard de dinars. Cependant, ces chiffres ne démontrent nullement que tout va pour le mieux dans cette wilaya où la plupart des projets d'investissement sont au point mort. En janvier dernier, le wali, Kamel Abas, a révélé que 107 projets PCD, programmés depuis plusieurs années, ne sont pas lancés alors que 400 n'ont pas été achevés. Les mesures annoncées pour remettre la machine de la croissance sur les rails se sont finalement avérées qu'un simple effet d'annonce. En effet, peu de choses ont été entreprises pour créer de la richesse afin de permettre aux communes de la région de vivre «indépendamment» des subventions qui leur sont octroyées par l'administration centrale. La plupart des zones d'activités et de dépôt (ZAD) de la région sont dans un état lamentable alors que celles projetées à Arbatache (136 ha) et à Si Mustapha (1122 ha) restent toujours au stade de projets. Des projets en stand-by Les zones en activité sont dépourvues des moindres commodités à même de permettre le bon fonctionnement des entreprises qui s'y sont implantées. C'est le cas des ZAD de Naciria, de Khemis-El Kechna et d'Ouled Moussa dont de nombreux lots ne sont pas encore exploités. Le wali avait promis leur viabilisation et le raccordement des unités industrielles déjà en activité aux réseaux du gaz, d'électricité et d'eau potable, mais à ce jour, les chantiers n'ont pas commencé. Le chef de l'exécutif a affirmé récemment que ces projets, d'un montant global de 1,5 millions de dinars, attendent l'aval du ministère des Finances pour l'entame des travaux. Le bilan présenté par l'administration fait état de 800 dossiers d'investissement qui ont été déposés auprès du Comité d'assistance à la localisation et à la promotion des investissements et de la régulation du foncier (Calpiref), mais seuls 168 ont reçu l'avis favorable. Pourtant, ce n'est nullement le foncier industriel qui manque, puisqu'on parle de 10 nouvelles zones d'activités d'une surface de 104 ha qui vont être créées incessamment à travers plusieurs communes. En tout cas, les habitants de la région ne croient plus aux promesses. Eux qui attendent avec impatience la relance de la dynamique de développement au niveau local pour réduire un tant soit peu le chômage qui lamine la majeure partie d'entre eux. Dans ce contexte, la direction de l'emploi annonce avoir créé plus de 38 170 postes de travail durant l'année écoulée, tandis que la direction de l'éducation a reçu 3000 dossiers de participation à un concours de recrutement pour 60 postes uniquement. Dans la wilaya, la plupart des projets structurants annoncés durant le premier quinquennal n'ont pas abouti. Les bonnes nouvelles sont très rares dans cette région où il ne se passe pas une semaine sans que l'on signale des actions de protestation de la part de citoyens réclamant l'amélioration de leurs conditions de vie. Le secteur de la pêche peine toujours à décoller. Les ports de Zemmouri et de Dellys sont saturés et attendent d'être aménagés depuis plusieurs années alors que celui de Cap Djenet est toujours ensablé. En matière de santé, la wilaya ne compte aucune infrastructure de soin digne de ce nom. L'hôpital des 240 lits, inscrit en 2004, n'est pas encore lancé, et ce, malgré la désignation de l'entreprise chargée de sa réalisation. Le coût de cette importante infrastructure, qui sera implantée sur une surface à vocation agricole, a triplé. Même le nouvel hôpital de Thénia, achevé en 2010, n'est pas encore opérationnel au prétexte du manque d'équipements. La léthargie n'épargne aucun secteur. Les infrastructures culturelles sont quasi-inexistantes. La région compte deux salles de cinéma opérationnelles à Bordj Menaïel et à Issers ainsi qu'une vingtaine de bibliothèques communales dont la plupart sont fermées, faute d'ouvrages et d'équipements de bureau. Il est à noter aussi que des milliers d'habitants ne sont pas alimentés en eau potable régulièrement. C'est le cas des localités de Timezrite, Chabet El Ameur, Naciria et Afir où la population vit le stress hydrique depuis des lustres. Les conduites devant les approvisionner en ce précieux liquide à partir du barrage de Taksebt et la station de dessalement de Cap Djenet connaissent des lenteurs considérables en raison principalement des oppositions de certains propriétaires terriens. Problème à l'origine du blocage de nombreux programmes de logements dans les communes de Si Mustapha, d'Ouled Aïssa, de Timezrite, ainsi que du CET de Zaâtra, de la décharge intercommunale de Khemis El Khechna, des transformateurs électriques à Boudouaou, des conduites de gaz de ville et d'assainissement, etc. Les oppositions : entêtement des uns, indifférence des autres Ce phénomène des oppositions aura été à l'origine du retard dans le projet portant modernisation de la voie ferrée Thénia – Oued Aïssi (Tizi Ouzou), dont le taux d'avancement est de 30%. Lors de la session APW, le wali n'a pas mâché ses mots à l'égard des élus et des représentants de la société civile, auxquels il a reproché de «n'avoir pas joué leur rôle pour éviter ce genre de litiges qui freinent le développement». Au volet habitat, l'on a annoncé l'attribution de 3063 logements publics locatifs (LPL) durant l'année 2012. Un nombre qui reste largement insuffisant, comparativement à la forte demande enregistrée en la matière. Les services de la Direction de l'urbanisme et de la construction (DUC) ont recensé 7220 habitations précaires à travers 261 sites et abritant plus de 8000 familles. A ces bidonvilles s'ajoutent les 14 700 chalets installés au lendemain du séisme de 2003 et dont l'éradication n'est vraisemblablement pas pour demain. Les responsables locaux parlent de 21 111 logements, tous types confondus, qui sont en cours de réalisation et de 19 667 en phase d'études. Mais le rythme d'avancement des chantiers reste toujours lent en raison notamment de l'inaccessibilité du foncier et le manque d'entreprises performantes dans le domaine. La crise du logement que connaît la wilaya est aggravée aussi par le manque d'engouement des citoyens pour le programme de l'habitat rural. La wilaya a bénéficié de 10 750 aides depuis 2002, mais seules 3443 constructions sont achevées, 5306 sont en cours, alors que plus de 2.000 n'ont pas encore été entamées. La plupart des habitants des localités rurales préfèrent opter pour un logement social que de postuler pour cette formule d'aide visant à les maintenir au niveau de leurs terres. Même le plan de proximité de développement rural intégré (PPDRI) n'a pas atteint son objectif. Ce plan, qui prévoit l'octroi de cheptels au profit des villageois et l'aménagement de pistes, de sources et de la plantation d'arbres fruitiers pour stopper l'exode, n'a pas permis, pour l'instant, de remédier à la problématique. Ainsi, les opérations prévues au terme de l'année 2011 ont atteint un taux d'avancement de 10%, alors que celles inscrites durant l'année 2012 tardent toujours à être lancées.