Au-delà de la transparence, la dispense faite aux EPIC soulève un autre problème, celui du principe de «l'égalité entre secteur public et privé, marchand et non marchand», souligne l'économiste Camille Sari. Et à ce propos les opérateurs économiques et commerciaux ont des raisons de pester. Hadj Tahar Boulenouar, secrétaire général de l'association des commerçants et artisans algériens (UGCAA), affirme que «beaucoup d'opérateurs sont mécontents car ils constatent que l'Etat fait toujours dans la pratique du deux poids deux mesures qu'on pensait révolu. Etant donné qu'il n'y a qu'une seule loi qui régit l'activité commerciale, tout le monde doit s'y soumettre. Si on doit donner des facilités pour le public, on doit en faire autant pour le privé». Pour les opérateurs économiques, c'est l'incompréhension qui prime. Mahfoud Megatli, secrétaire général de la Confédération générale des entrepreneurs algériens (CGEA) qui dit ne pas comprendre les motivations du gouvernement affirme que la publicité légale est «une bonne chose pour les besoins de transparence, à condition que cela concerne tout le monde. Soit on l'applique à tous soit on la supprime une fois pour toutes». Pour sa part, Mohamed Naït Abdelaziz, président de la Confédération nationale du patronat algérien (CNPA) trouve cette distinction «illogique» à moins qu'elle ait pour justificatif «la nature de l'activité» des entités économiques et commerciales. Pour d'autres opérateurs économiques, l'obligation de publicité légale doit être tout simplement supprimée car «nos entreprises ne sont pas encore arrivées à ce niveau de transparence», estime Belkacem Mezine, secrétaire général de l'Association générale des entrepreneurs algériens (AGEA). Trois raisons motivent cette proposition, selon lui. D'abord, «beaucoup d'entreprises sont dans l'incapacité de préparer leur dossier et de présenter leurs comptes en bonne et due forme et à temps, faute de compétence au niveau de la comptabilité». Ensuite, «80% des entreprises sont dans l'informel et la plupart ne tiennent pas une comptabilité à jour. Il faudrait donc en premier lieu les insérer dans le circuit formel avant de leur imposer cette exigence de transparence». Enfin, «étant donné qu'il y a une phase de mise à niveau qui est en cours, il faudrait la mener à terme avant de passer à un second palier qui est la publication des comptes». Récemment encore, le ministre du Commerce indiquait que 50% du chiffre d'affaires des opérateurs économiques (commerçants et entreprises) provient de l'économie informelle, «Plus du quart des employeurs et indépendants (26,1%) ne tiennent aucune comptabilité et 4,5% seulement tiennent une comptabilité complète ou partielle», selon des statistiques de 2008 publiée dans Emploi et secteur informels en Algérie : déterminants, segmentation et mobilité de la main-d'œuvre.