Les banques ne sont pas près de soutenir efficacement les entreprises. Les banques algériennes encouragent l'informel et favorisent la spéculation au lieu de soutenir les PME productrices. Ce constat est établi hier par Belkacem Mezine, qui représentait l'Association générale des entrepreneurs algériens (Agea), lors d'un débat sur les liens entre les PME et les banques, organisé au centre de presse d'El Moudjahid. Le secrétaire général a mis au pilori les banques qui traitent des affaires en cash à hauteur de 40% de la masse monétaire. «Cet argent en circulation est le produit de l'informel, a-t-il dit, alors que la base de l'économie moderne se fonde sur le crédit bancaire». Il a fustigé l'administration financière qui étouffe les entreprises sans manquer d'émettre son appréciation sur le Credoc lequel, selon lui, «ne facilite pas la tâche aux entreprises productrices du moment qu'elles doivent payer avant de recevoir la marchandise, ceci, sans la moindre possibilité de contrôle». Le Credoc permet, toujours selon Mezine, de «garantir le paiement fournisseur sans prendre en compte les surfacturations des staries douanières». La Caisse de garantie des crédits d'investissement était représentée à ce débat par son directeur général, Ammar Daoudi. La mise en place de cette institution a été conçue avec l'appui d'une expertise internationale et avec le concours du programme Meda. La Caisse existe depuis 2006 avec pour vocation, le soutien à l'investissement en Algérie. Sa mission première est de vaincre la réticence du banquier qui estime en général que «le financement des PME est très risqué». Les experts ont relevé dans ce cadre, des repères significatifs, notamment dans le financement de la création d'entreprises. Un échec de l'ordre de 30 à 40% dans ce domaine précis mène à une «prudence» zélée des banques pour accorder des crédits d'investissements aux PME. Pour Daoudi, les trois préoccupations essentielles sont «le développement des PME, la résorption du chômage et la préservation des emplois existants.» Il confie que pour l'heure, le crédit bancaire est à un stade primaire ne favorisant pas le développement économique. Il a par la suite énuméré les différentes formes de garanties de crédits (espèces, hypothécaires, personnelles...). Un dossier de crédit peut paraître «bon aujourd'hui» et «ne plus l'être demain», a-t-il dit citant la garantie fournie auparavant par l'immobilier, secteur qui a aujourd'hui basculé. Le Fonds de garantie des crédits aux PME, pour sa part, opère une aide directe aux PME qui n'ont pas d'actifs fonciers pour qu'elles puissent déposer un dossier à la banque. Sa position stratégique, a affirmé son directeur général par intérim, Youcef Heumissi, dans son intervention, «est toujours axée au profit des PME. Le fonds a investi à ce jour 50 millions/DA avec une couverture de 80%. Il assiste et conseille les PME pour préparer et déposer un dossier de demande de crédit fiable et solide. Il se propose de développer le financement des entreprises.» M.Okbi, directeur commercial de la Caisse algérienne d'assurances et de garantie des exportations hors hydrocarbures, a estimé, de son côté, que «le rôle de la banque est complémentaire et se trouve intimement lié au bon management d'une entreprise». L'enjeu réel aujourd'hui, se sont accordés à souligner les participants à ce débat, est le développement des PME, créatrices d'emplois et de richesses. Ils regrettent toutefois que les opérateurs économiques algériens ne soient pas au même niveau d'expertise ni de l'information économique, moteur du développement, comme interprété par Fekhar, directeur du crédit des PME au sein de la BDL.