Le projet de réalisation d'un réseau national de distribution des fruits et légumes, inscrit dans le cadre du programme du président Bouteflika, piétine, son taux de réalisation ne dépasse pas 20%, révèle l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA). Annoncé tambour battant en 2009, ce projet avait prévu la réalisation de 30 marchés de gros, 800 marchés de détail et 1000 marchés de proximité d'ici 2014. «Des ministres du gouvernement affirment vouloir réaliser de nouveaux espaces commerciaux. Quelle garantie alors que le programme présidentiel n'a pas atteint ses objectifs ?», s'interrogeait hier Hadj Tahar Boulenouar, porte-parole de l'UGCAA, au cours d'une conférence de presse organisée à Alger. Si le représentant de cette association professionnelle s'est gardé d'épingler le président Bouteflika en personne, il ne s'est pas empêché en revanche, de jeter la pierre aux différents départements ministériels ainsi qu'aux élus locaux. «Le manque flagrant de coordination entre les différents ministères (Commerce, Agriculture, Finances, Collectivités locales) est à l'origine du blocage de ce programme. Il existe aussi des APC qui ne font rien, alors que d'autres font tout pour bloquer les initiatives», a-t-il accusé, en reprochant aussi aux banques de ne pas jouer le jeu. Selon lui, la majorité des banques financent davantage les opérations d'importation au détriment de projets viables. L'une des graves conséquences dans la concrétisation de ce projet, la prolifération du marché noir qui gangrène toute la sphère commerciale en Algérie, selon le porte-parole de l'UGCAA. «Environ 50% des produits alimentaires passent par le marché parallèle, 60% pour le tabac, 40% pour les produits cosmétiques et parfums et 30% pour les services », a-t-il détaillé, chiffres à l'appui. Les produits contrefaits occasionnent annuellement un préjudice au Trésor public de l'ordre de 30 milliards de dinars, d'après lui, alors que plus de 50 000 tonnes de produits périmés, dont des médicaments, sont commercialisés chaque année. De la production en passant par la distribution de produits jusqu'à la commercialisation, «des opérateurs s'activent avec de faux registres du commerce et la plupart des produits commercialisés ne passent pas par les organismes de contrôle», a estimé le conférencier, pour qui environ un million de personnes activent dans le marché noir. Interpelé sur la hausse des prix des fruits et légumes, l'orateur réfute les propos du ministère de l'Agriculture, lequel avait déjà rassuré sur la disponibilité des produits agricoles. Pour M. Boulenouar, le marché accuse un «déficit de 30% en fruits et légumes». Et les chambres froides, peu nombreuses, ne sont remplies qu'à 50% de leur capacité de stockage. «Il existe un disfonctionnement dans le réseau de distribution. L'écart des prix entre le marché de gros et de détail avoisine parfois 100%», a-t-il fait savoir, en rappelant que «les marges bénéficiaires ne sont pas limitées».