Après les rassemblements de Ouargla, Laghouat, El Oued et Tamanrasset, le mouvement des jeunes sans emploi a décidé de poursuivre son occupation de l'espace public. Ghardaïa. De notre envoyé spécial
Suite à l'appel de la Coordination nationale de défense des droits des chômeurs (CNDCC), ils organiseront aujourd'hui un sit-in à la place du 1er Mai, à Ghardaïa. «Le sit-in est pacifique et aucun dépassement ne sera toléré. Si dérapage il y a, les services de l'ordre porteront l'entière responsabilité», avertit Hamdan Abdesselem, porte-parole de la CNDCC dans la wilaya de Ghardaïa. «Durant 15 jours, les jeunes encadreurs ont sillonné les quartiers de la ville de Ghardaïa et de ses principales communes pour sensibiliser les chômeurs», nous explique-t-il. Le but étant de les convaincre à rejoindre le rassemblement (baptisé Milyoniat El Karama) pour la défense de leurs droits. Des milliers de tracts ont été distribués. Des affiches ont également été collées sur les murs des rues fréquentées. En outre, jusqu'à hier, des rencontres en plein air ont eu lieu. Parmi les points de revendications des chômeurs, on peut citer le slogan phare de la CNDCC : «Ennidal, ennidal, hata yaâmal el bettal» (militantisme, militantisme, jusqu'à l'emploie du chômeur). Les protestataires dénonceront l'exclusion, la marginalisation et la discrimination. Et comme à l'accoutumée, selon Abdesselem, l'unité et la cohésion nationales ainsi que l'intégrité territoriale du pays sont «les limites rouges» à ne pas dépasser. Notre interlocuteur précise dans la foulée un point : «La lutte est sociale et elle s'organise au bénéfice des chômeurs seulement.» Notons également un autre slogan qui sera scandé : «Jugez Chakib Khelil et non pas les innocents.» Par ailleurs, le comité des chômeurs demande l'ouverture d'enquêtes concernant les derniers appels d'offres d'emploi publiés par la Fonction publique au niveau de la wilaya de Ghardaïa, en plus de la démission du directeur régional de l'ANEM. «Nous soupçonnons des dépassements et des passe-droits ainsi que le versement de pots-de-vin pour embaucher des proches et amis de responsables à la place de jeunes diplômés de Ghardaïa.» Dans le même sillage, la CNDDC demande à rendre permanents des emplois pour les jeunes de Ghardaïa. Elle ajoute que la même wilaya doit jouir du statut de zone pétrolière, puisque Daïrat abrite une usine de raffinage et que Oued Noumer connaît une activité gazière où l'on enregistre une production de 7000 barils de pétrole par jour. Pour M. Abdesselem, en bénéficiant de ce statut, la wilaya pourra former de la main-d'œuvre qualifiée via les centres de formation qui seront ouverts localement. Les jeunes chômeurs exigent, par ailleurs, des canaux de dialogue direct avec les vrais décideurs du pays. «Les notables, les députés et les personnes choisies par le pouvoir ne peuvent en aucun cas défendre nos intérêts et encore moins nous représenter», a-t-il souligné. Abdesselem adresse enfin un message à tous les jeunes de la région pour qu'«ils défendent leurs droits d'une manière pacifique et avec honneur». «Nous ne voulons absolument pas tomber dans le piège du régime qui veut discréditer notre mouvement et pourrir la situation. Le plus important, c'est que malékites et ibadites s'unissent, la main dans la main, pour combattre l'injustice et l'oppression dont ils sont tous victimes. Le rassemblement se fera à l'unisson. Il n'y a aucune différence entre nous. Nous sommes tous des citoyens algériens. Non au régionalisme, non à la division. Nous sommes les enfants d'un seul pays. Nous demandons une justice sociale et de la reconnaissance pour l'ensemble du peuple algérien, d'Alger à Bordj Badji Mokhtar et d'Oum Tboul à Maghnia.»