La coordination nationale des syndicats du groupe agroalimentaire Giplait, affiliée à l'UGTA, a saisi hier l'opportunité de la négociation entre acquéreurs et SGP Tragral pour dénoncer un processus de privatisation qu'elle considère « entâché de fraude ». Les membres de la délégation de la coordination nationale et des secrétaires généraux de syndicats de filiales, qui se sont rendus hier à notre rédaction, n'ont pu dissimuler leur dépit face à leur exclusion des négociations. Relatant les faits d'un processus de privatisation remontant à octobre 2005 lorsqu'un appel d'offres national et international a été lancé pour la cession des 19 filiales de Giplait, Maâmar Boualem s'étonne que « seulement trois filiales soient convoitées par les soi-disant repreneurs ». Le représentant du syndicat dira que les unités de Draâ Ben Khedda (Tizi Ouzou), Béni Tamou (Blida) et celle de Sidi Saâda (Relizane), respectivement convoitée par Aired, Soplait et Trèfle, sont les unités qui ont réalisé quatre exercices bénéficiaires, et des travailleurs ont même reçu des primes de rendement de 8 millions de centimes chacun. Sur sa lancée, il dit « défier » le premier responsable du SGP de prouver les déficits des trois filiales convoitées. Il estime que « le processus de privatisation est entâché d'irrégularités et la procédure non conforme », alors que selon ses dires, la loi a été piétinée concernant la possibilité de reprise des unités par les salariés. Citant des cas d'irrégularités relevées dans les cahiers des charges « erronés », le syndicaliste de Giplait signale que « des équipements vendus aux enchères et figurant sur le cahier des charges, alors que, dit-il, ceux acquis récemment et flambant neuf ne le sont pas », soupçonnant au passage des membres du SGP de vouloir brader des unités. Les syndicalistes ont longuement insisté sur une volonté manifeste du SGP, de vouloir vendre moins cher ces unités, allant jusqu'à déclarer que « certains ont même revu à la baisse les surfaces de leurs unités ». « Des unités qui reviennent à 600-800 milliards de centimes qu'on veut brader à 60 ou 65 milliards », fulmine l'un des syndicalistes, qui considère que « Soplait a coulé et ambitionne de reprendre l'une des usines les plus sophistiquées au monde pour le prix d'une villa à El Biar ». Et au syndicaliste de remettre en cause « le professionnalisme des prétendants à la reprise ». A notre question de savoir si le groupe Giplait est déficitaire, M. Boualem dira : « Certes, des unités sont déficitaires, parce que l'Etat administre le prix du lait. Mais elles ne le sont pas toutes. Certaines sont équilibrées et d'autres font des bénéfices. » Et d'ajouter : « Toutes ces filiales sont en train de collecter du lait cru en aidant les éleveurs, au lieu d'importer la poudre de l'étranger, et ce conformément aux orientations du président de la République. » D'autre part, les syndicalistes n'ont pas manqué de relever que les travailleurs ont manifesté leur intention de reprise « conformément à la loi, notamment l'ordonnance 01-04 d'août 2001 » et que les lettres d'intention envoyées au SGP sont restées sans suite. Et d'enchaîner : « Durant les années de terrorisme, les travailleurs ont défendu avec des armes leur outil de production en assurant l'approvisionnement du lait aux Algériens, au moment où ces soi-disant repreneurs amassaient de l'argent. » Les syndicalistes de Giplait ont indiqué qu'une réunion extraordinaire du bureau de la coordination élargie aux secrétaires généraux des filiales aura lieu ce mercredi et décidera des actions de protestation à entreprendre.