Un climat de tension règne à la laiterie de Béni Tamou de Blida. Les quelque 300 travailleurs s'opposent au processus de privatisation de cette filiale du groupe étatique Giplait. Selon Bouzefrane Abderrahmane, secrétaire général du syndicat d'entreprise, affilié à l'UGTA, cette société par actions jouit d'une bonne santé financière. « Les bilans de ces dernières années sont positifs. L'entreprise a même investi 400 millions de dinars entre 2003 et 2006. On a acquis de nouveaux équipements et machines de conditionnement. Pourquoi donc veut-on la privatiser ? », s'est-il interrogé. M. Bouzefrane voit en cela un acte de « bradage ». « Le président de la République, lui-même, avait dit que seules les entreprises déficitaires seront privatisées. Mais sur le terrain, c'est le contraire qui se produit. C'est inacceptable », a martelé Mohammed Ladjaïmi, un autre membre syndical, avant de se demander pourquoi ne veut-on pas que les travailleurs la récupèrent. L'appel d'offres portant ouverture du capital de l'entreprise a été lancé en septembre 2006. Le collectif des travailleurs a soumissionné au même titre que la Sarl Chebli et la laiterie Soummam. « Nous avons proposé une offre intéressante. Mais voilà que la SGP Tragral nous informe que la loi ne permet pas de céder une entreprise à plus de 120 employés. C'est injuste », a-t-il fulminé. Selon M. Bouzefrane, c'est l'offre de la Sarl Soummam, en association avec le groupe français Lactalis qui aurait été retenue. « Des responsables de ces deux entreprises sont venus, mercredi 15 novembre, superviser les lieux », a-t-il précisé. Le comité de participation de l'Etat (CPE) devrait se réunir aujourd'hui pour clore le dossier. Au capital social de 1,5 milliard de dinars, la laiterie Soummam s'est engagée à payer 35% du prix de vente à la signature du contrat de cession et 65% sur cinq ans avec application du taux d'intérêt en vigueur. La Sarl Chebli a proposé de payer cash 30% et le reste sur cinq ans. Le collectif des salariés a proposé de payer 5% deux ans après signature du contrat de cession et 95% sur 20 ans, sans intérêt, est-il souligné dans le rapport du conseil de surveillance de l'opération de privatisation. Le secrétaire général du syndicat dénonce le fait que la Société de gestion des participations (SGP) ait refusé de négocier avec les travailleurs qui n'ont fait, selon lui, que tenter de faire valoir leur droit de présomption. Le collectif des salariés, qui voit ses chances de reprendre l'entreprise se volatiliser, menace d'occuper les lieux dans le cas où ses revendications ne sont pas satisfaites. Les travailleurs exigent ainsi une indemnisation de cessation de relation de travail avec Giplait, l'octroi de 10% sur le prix de vente de la filiale, la mise en application immédiate de la convention de branches, la préservation des emplois pour une durée de cinq au minimum et enfin le maintien par l'acquéreur de la convention de branches et du règlement intérieur actuellement en vigueur. « S'ils ne respectent pas nos revendications, nous ne laisserons personne pénétrer au sein de l'entreprise. Nous occuperons les lieux avec nos familles. Et nous ne reculerons devant rien », a lâché Meziane Nacer.