Les chômeurs ont organisé hier à Ouargla une nouvelle manifestation qui a drainé des dizaines de citoyens qui se sont rassemblés par petits groupes trois heures durant. Ils évoquent un recours aux instances internationales si les poursuites judiciaires et la répression policière persistent. Prendre position par rapport eux émeutes de la semaine dernière à tout prix, tel était l'objectif du nouveau rassemblement de la CNDDC à la place Tahrir de Ouargla, hier. L'incontournable Tahar Belabès a encore brillé par sa verve et sa critique acerbe d'un pouvoir qui n'a décidément pas trouvé la bonne réponse aux doléances des chômeurs du Sud. C'est ainsi qu'une nouvelle fois, des dizaines de manifestants se sont rassemblés pour donner al jawab echafi (la bonne réponse) aux pouvoirs publics que d'aucuns accusent de n'avoir aucune volonté de résoudre les problèmes sociaux évoqués par les jeunes du Sud. Les slogans scandés par les chômeurs ne sont pas nouveaux, l'opinion publique les a découverts, le 14 mars dernier, dénonçant la dilapidation des richesses nationales, la marginalisation des régions sahariennes et l'exclusion de sa main-d'œuvre du secteur pétrolier, les poursuites judiciaires à l'encontre des chômeurs réclamant aussi la mise en liberté des émeutiers arrêtés lors des derniers troubles. Le nouveau rassemblement n'a pas dérogé à la règle établie le 14 mars où l'hymne national était entendu dès les premières heures du matin, les couleurs nationales ont également contrasté avec le soleil de plomb dont les rayons n'ont nullement perturbé le rassemblement malgré la montée du mercure. «Nous dénonçons toutes les formes de violence, celle des émeutiers mais aussi celle des policiers dont nous détenons des vidéos ahurissantes où des jeunes chauffés à blanc sont provoqués par des insultes et des insanités insoutenables», a déclaré Tahar Belabès. Manipulation Celui-ci soutient que «la manipulation des foules est une spécialité du pouvoir algérien qui a décidé d'en finir une bonne fois pour toutes avec les chômeurs du Sud en leur collant l'étiquette de la violence urbaine et la dégradation des acquis du peuple». Ces affirmations rejoignent une opinion générale qui souligne le contraste saisissant entre l'image magnifique de jeunes nationalistes revendiquant pacifiquement des droits légitimes le 14 mars dernier et l'horrible image de jeunes en furie vandalisant leur propre ville un mois plus tard. Mais l'élan est loin d'être brisé, soutient Tahar Belabès qui lance un nouveau défi aux décideurs. Pour la première fois depuis la naissance du mouvement citoyen des chômeurs, la nouveauté qui est ressortie lors du rassemblement vise le haut de la pyramide, le régime présidentiel qui fait, selon Tahar Belabès que «le chef est le seul et unique responsable de tout ce qui se passe, tâche à lui de réagir et d'endosser (assumer) ses responsabilités». Et maintenant qu'une véritable coordination de wilaya est née sous l'égide de la CNDDC, le porte-parole de la coordination transcende les revendications et brandit la menace «d'un recours à la justice internationale si les poursuites judiciaires à l'encontre des chômeurs ne cessent pas et si la justice algérienne s'obstine à ne pas afficher une indépendance salutaire». Aussi et pour la première fois, Tahar Belabès évoque les droits constitutionnels fondamentaux des citoyens en exigeant que «le droit de s'exprimer et de manifester librement soient immédiatement garantis pour tous les Algériens».