La CNDDC apporte les dernières retouches aux préparatifs du nouveau rassemblement de Ouargla, qui se déroulera ce matin sur la place Tahrir, près de la mairie. Un rassemblement pacifique auquel ont appelé les patriarches de plusieurs archs de Ouargla, d'après Tahar Belabès, non pas de faux notables mais des personnalités d'un certain âge qui seront présentes à place Tahrir. Le mécontentement et le bouillonnement de la rue sont palpables à la veille de ce nouvel événement. «Les chômeurs sont en colère et tiennent à dénoncer les commanditaires des dernières émeutes, notamment un député dont nous donnerons le nom demain», a déclaré le porte-parole de la CNDDC à El Watan. Les chômeurs avaient auparavant organisé, trois jours durant, des sit-in de soutien aux familles des détenus, devant le tribunal de Ouargla, exigeant leur mise en liberté. Une attitude qui en a surpris plus d'un, vu que la population locale est encore sous le choc, après quatre jours d'émeutes non-stop qui ont engendré de graves dépassements, destructions et pillages de biens publics, sans compter les victimes de violents troubles. A ce reproche, les chômeurs répondent par une lecture visant à la fois les pouvoirs publics et les députés de la wilaya de Ouargla qui «auraient commandité ces troubles pour ternir l'image de la CNDDC et assombrir les horizons devant une large frange de la population locale et nationale à laquelle le rassemblement du 14 mars dernier avait redonné l'espoir d'un changement possible», réplique Tahar Belabès. Les dépassements de jeudi dernier ? C'est voulu et l'objectif est encore une fois les chômeurs qui représentent la lutte pacifique acharnée et continue depuis 8 ans contre un pouvoir qui ne cède rien. Alors, pourquoi soutenir les émeutiers ? Ce sont des personnes vulnérables, manipulées par des mains qui ont fourni le caillou, le cocktail Molotov, l'essence et le prétexte de l'émeute. Pour la première fois, l'administration a publié une liste comportant non pas le lieu de résidence, mais la commune de naissance des attributaires, dont beaucoup sont nés hors de Ouargla, voire en Tunisie, explique M. Belabès. Et cette peur qui règne sur la ville, où les écoles et les administrations n'ouvriront pas ce matin de crainte de nouveaux troubles ? «Les gens savent que notre lutte a toujours été pacifique et continuera à l'être, sauf si le pouvoir en décide autrement. Et là, nous n'en serons pas responsables, puisque nous avons expressément demandé au wali une couverture sécuritaire pour mener à bien cette nouvelle manifestation. Nous dénonçons ces tentatives de nous discréditer aux yeux de nos concitoyens ; le pouvoir veut les apeurer et les dissuader de marcher avec nous ou oser manifester dire non à tout ce qui se passe, mais nous ne nous laisserons pas faire.» C'est pour cette raison qu'une nouvelle «millionya» s'imposait et qu'une délégation de dix personnes, à leur tête Salah Khouildat, ont été voir le wali, explique notre interlocuteur, qui ajoute que «la CNDDC a réussi là où tout le monde a échoué : arriver à un consensus et installer des délégués des différents archs et quartiers pour réorganiser le mouvement à la lumière des derniers événements». Restent les promesses de Abdelmalek Sellal… Là, Tahar Belabès revient à la charge : «Nous étions sûrs que rien n'allait changer, un mois après les promesses données aux enfants du Sud, tout le monde a compris que le gouvernement Sellal cherchait à gagner du temps et à faire oublier nos vraies revendications. Ni les sous-traitants sont partis ni des postes n'ont été donnés à la main-d'œuvre locale, qui souffre toujours d'exclusion. C'est un tissu interminable de mensonges.»