En dépit des mesures gouvernementales, les jeunes sans emploi des wilayas du Sud continuent de manifester leur colère. «Les mesures édictées par le Premier ministre doivent avoir leur prolongement immédiat sur le terrain», réclament des jeunes de Ouargla, qui ont bloqué l'axe principal menant vers Ghardaïa avant que plusieurs d'entre eux ne soient arrêtés dimanche soir pour être relâchés quelques heures après. La colère était dimanche soir à son paroxysme, à telle enseigne que la Gendarmerie nationale, dépêchée pour calmer les esprits des jeunes chômeurs qui manifestaient à Rouissat, non loin de Ouargla, ont dû user de gaz lacrymogène pour les disperser. Ces derniers réclamaient «du concret», suite aux mesures décidées par le gouvernement Sellal. Plusieurs jeunes arrêtés ont été relâchés, avons-nous appris de sources locales, mais une tension «très vive» demeurait, hier encore, ajoute-t-on. Surtout que, précisent les mêmes sources, les personnes arrêtées ont été «violentées». Tahar Belabbès, porte-parole du Comité national pour la défense des droits des chômeurs (CNDDC), avait même évoqué «une tentative d'agression sexuelle» à l'encontre de l'un des chômeurs arrêtés, œuvre des brigadiers de la gendarmerie mais qu'il n'a pas pu confirmer, ce cas assimilé plutôt à de la torture qu'à une tentative d'agression sexuelle. D'autres sources affirmaient, hier, que plusieurs quartiers de Ouargla sont encore en ébullition. Des jeunes que l'aile dissidente du CNDDC, prise de court par la réussite de la marche du 14 mars qu'elle avait rejetée, aurait incité à manifester «pour reprendre le devant de la scène». Si l'aile représentée par Tahar Belabbès, injoignable durant toute la journée d'hier, consent à accorder un temps de répit aux pouvoirs publics pour préparer la mise à exécution de leurs «promesses», l'autre partie de la coordination s'échine à «mobiliser» les jeunes chômeurs, qui usent de moyens peu orthodoxes, pour réclamer du concret. Nos sources à Ouargla affirment que ces jeunes ont usé de violence et tenté «d'encercler» quelques brigades de gendarmerie au lendemain de l'arrestation des jeunes protestataires. Le CNDDC, certainement pris de court par ces «évènements inattendus», a, dans l'urgence, appelé à une réunion hier après-midi pour décider des suites à donner au mouvement de contestation ponctué par la marche du 14 mars, considérée comme «historique», suite aux «résultats» auxquels elle a abouti. Jusqu'à hier soir, aucune information n'a filtré à propos des décisions qui pouvaient émaner de cette rencontre. La tension continue de régner à Ouargla mais aussi dans d'autres wilayas comme Laghouat, au moment où l'on parle ici et là des «effets» des mesures gouvernementales qui auraient déjà abouti à la création de mille postes d'emploi. Affaire à suivre.