Les enseignants du secondaire, à travers le territoire national, ont répondu hier massivement à l'appel à la grève lancé par la Coordination intersyndicale des travailleurs de l'éducation (CITE). Ce n'est cependant pas le cas pour les établissements scolaires relevant des cycles primaire et moyen dont le mouvement de débrayage a été partiellement suivi. Les animateurs de cette action de deux jours sont toutefois satisfaits du taux de suivi qui aurait dépassé les 90% au niveau des lycées et plus de 50% au niveau des deux autres paliers. « En dépit de la campagne de déstabilisation menée par l'UNPEF, les enseignants du primaire et du moyen ont adhéré à notre action. Ils ont opté pour la grève car ils ont compris que sans la satisfaction de nos revendications la sérénité indispensable pour le système éducatif ne sera pas de mise », explique M. Lemdani, représentant du Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (CNAPEST). Ces chiffres, comme à l'accoutumée, sont battus en brèche par le département de M. Benbouzid. Se basant sur les estimations recueillies auprès des directions de l'éducation des wilayas, le ministère évalue le taux de suivi de l'appel à la grève des enseignants, tous cycles confondus, à 7,21%. Il est de 3,22% pour le cycle primaire, 6,34% pour le moyen et de 19,60 pour le secondaire. Selon le conseiller à l'information au niveau du ministère, « ces faibles taux enregistrés dénotent du degré de responsabilité et de conscience professionnelle de la grande majorité des enseignants ». Le ministère a réitéré sa volonté de poursuivre le dialogue et la concertation avec l'ensemble de ses partenaires, qu'ils soient syndicats agréés ou représentants d'enseignants. Pour sa part, les responsables de la CITE refusent de polémiquer sur le taux de suivi en indiquant que les syndicats ont démontré sur le terrain leur force de mobilisation. Dans le chapitre du dialogue, M. Osmane, porte-parole du Conseil des lycées d'Alger (CLA), a soutenu que le recours à la grève est motivé beaucoup plus par le refus du ministère d'ouvrir un dialogue sérieux et transparent. Le responsable du CLA est conscient que le dialogue est un levier pour l'amorce d'un conflit, mais il rejette en bloc le dialogue à blanc initié par la tutelle. « M. Benbouzid, ministre de l'Education, nous a offert un dialogue à blanc. Il demande aux enseignants de ne pas faire grève, il ne veut pas qu'il ait un conflit qui perturbe son secteur, mais en contrepartie il n'a jamais osé prendre sérieusement en charge nos revendications. Des revendications que nous réclamons depuis plus de cinq ans », explique M. Osmane, qui avoue sans tergiversation que la source de leur problème est le ministre de l'éducation qui doit prendre ses responsabilités. Sur le terrain, il est vrai que la majorité des enseignants du secondaire n'ont pas assuré hier les cours. Ils sont persuadés que le débrayage est la seule alternative pour faire pression aussi bien sur la tutelle que sur les pouvoirs publics d'une manière générale. « Nous voulons juste l'amélioration de nos conditions de travail. Nous voulons un salaire décent qui nous permette de subvenir aisément à nos besoins les plus élémentaires », dira une enseignante exerçant dans un lycée situé à Bab El Oued. Cet avis est partagé par l'ensemble de ces collègues des trois paliers. Toutefois, des enseignants du primaire ont préféré poursuivre les cours pour terminer à temps le programme. « Nous n'avons pas peur des représailles, et nous adhérons pleinement au mouvement de contestation, mais notre premier souci est de finir le programme tracé afin de ne pas pénaliser les élèves », dira une enseignante. Sa collègue ne partage pas cette vision, elle n'a pas répondu à l'appel à la grève car elle est, aujourd'hui, convaincue que la grève ne réglera pas leurs problèmes. L'intersyndicale organise aujourd'hui un sit-in devant le ministère de l'Education, et ce, pour rendre visible leur mécontentement. « Hier, nous avons tenu des assemblées générales au niveau des lycées et la majorité des enseignants se sont prononcés pour la radicalisation du mouvement de contestation. Nous allons débattre de ce sujet dans les prochains jours », dira un membre de la coordination.